Avant d’avoir une fille, je m’entraînais plusieurs heures par semaine. Un peu dans le but d’être en santé, mais surtout dans celui de rentrer dans mes jeans du secondaire.
Avant d’avoir une fille, je faisais attention à mon alimentation non pas en mangeant des aliments biologiques ou non transformés, mais en comptant les calories et les glucides de chaque aliment pour m’assurer de ne pas prendre de poids.
Avant d’avoir une fille, je laissais les gens me convaincre que j’étais trop petite ou trop grosse, que mon indice de masse corporelle était à risque et que je n’étais pas en santé. Qu’importe que je fasse de longues randonnées et que j’accumule les kilomètres de course, que je sois en forme et que je me sente bien, j’acceptais les commentaires de personnes et de la société, qui me disaient que je devais maigrir.
Avant d’avoir une fille, je regardais mon corps et je le jugeais. Lorsque le miroir me renvoyait mon reflet, je ne voyais pas mes beaux yeux bleus ni mes jambes fortes; tout ce qui me sautait aux yeux était mon ventre qui aurait dû être plus plat et mes cuisses qui auraient dû être plus fermes. Il m’est même arrivé de pleurer plusieurs fois en trouvant mon corps laid.
Puis un jour, j’ai tenu ma fille dans mes bras et me perception a changé. J’ai vu la perfection de ce petit être et je me suis dit que jamais je ne voudrais la voir juger son corps comme je l’avais si souvent fait. Jamais je ne voudrais la voir perdre de précieuses années à croire qu’elle est moins belle qu’une autre à cause de son tour de taille ou de l’allure de ses abdominaux. Jamais je ne voudrais qu’elle se voit autrement que comme je la voyais : parfaite.
Puis j’ai compris. Compris que je méritais moi aussi cette bienveillance. Je méritais aussi de me voir telle que je suis, parfaite. Mais encore plus, ma fille méritait que je lui donne l’exemple d’une maman qui reconnaît sa force et sa beauté. Ma fille méritait que je lui montre que l’on est unique et que c’est ce qui rend le monde si beau.
Depuis que j’ai une fille, je m’entraîne quelques fois par semaine. Pas pour rentrer dans mes jeans du secondaire, mais pour pouvoir faire de longues randonnées avec ma petite sur mon dos.
Depuis que j’ai une fille, je mange sainement sans en faire une obsession. Pas dans la peur de prendre du poids, mais parce que je veux me sentir bien pour être la meilleure maman possible.
Depuis que j’ai une fille, je regarde mon corps et je l’aime sans le juger. Ce ventre qui a porté la vie, je le trouve beau avec ses vergetures et son petit mou de bedaine. Ces bras qui sont source de réconfort pour ma fille, je les trouve beaux, peu importe leur fermeté. Ce visage que ma fille regarde avec émerveillement, je le trouve beau, avec ses petites rides et ses taches de rousseur.
Depuis que j’ai une fille, j’ai enfin compris et je me suis enfin aimée, sans condition.
Drette au coeur ? j’en ai des frissons sur les bras et bien-sûr, je pleure !! C’est exactement ce que je vis. Ne pas enseigner à ma fille ce que j’ai été toute ma vie. Un immense travail sur soi-même. Bonne chance à moi, et à toutes les moms qui le vivent et le viveront? Nous sommes toutes belles et formidables ?