Mon bébé,
Tu m’échappes. Les indices sont là, ils ne mentent pas. Tout doucement, tu me files entre les doigts. La vie suit son cours normal, mais moi, je tire de l’arrière, je n’arrive pas à m’y faire.
Quand ta main accepte encore de se glisser dans la mienne, elle y prend plus d’espace, la quitte plus vite et ce ne sont plus ces petits doigts qui cherchaient ma main, ma jambe, ma jupe ou mon chandail pour s’y agripper ou s’y abriter qui se referment sur les miens.
Quand tu me demandes de jouer dehors sans moi, je vois bien que tu n’as plus besoin que ta maman te surveille à chaque minute de ta petite vie bien remplie. Tu ne me racontes plus tes journées en détail comme avant. Tu as découvert que tes amis ont un oreille aussi attentive que la mienne et que peut-être, même, qu’ils te comprennent mieux que les adultes.
Quand tu refuses gentiment la comptine avant d’aller au lit, je vois la fin de ce moment privilégié approcher et j’espère chaque soir que ce ne soit pas la dernière fois que tu apprécies de t’endormir entouré de la chaleur de mes bras.
Tu grandis, tu deviens lourd et je n’arrive plus à te tenir sur ma hanche comme avant; de toute façon, tu préfères faire tes propres pas, maintenant. Quand tu me dis que tu n’as pas besoin d’aide pour préparer ton petit-déjeuner ou t’habiller, je comprends que je deviens de moins en moins essentielle, même inutile par moments.
Ton besoin d’autonomie grandit au même rythme que ton petit corps, c’est-à-dire un peu trop vite pour ce que mon cœur peut assimiler. Chaque nouvelle étape, chaque défi que tu relèves, chaque « Regarde maman, je suis capable maintenant! » me remplissent de fierté et de nostalgie à la fois.
Je suis toujours déchirée entre mon désir de te garder près de mon cœur pour toujours et celui de te voir devenir un adulte accompli; j’aurais tant voulu que nous ne formions qu’un pour plus que quelques petites années..!
Vois-tu, c’est que c’est tellement plus facile de te protéger si tu es près de moi. Tellement plus facile de t’aimer quand ton front est à portée de bisous. Tellement plus rassurant de te savoir en sécurité, sous mon toit.
Malgré tout, je survivrai à ta croissance comme des milliards d’autres mamans avant moi l’ont fait. Je te fais confiance, je sais que je n’ai pas à m’inquiéter de la personne que tu deviendras. Je t’aimerai à toutes les étapes, n’en doute jamais.
Mais promets-moi une chose.
N’hésite jamais à reprendre ma main.
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