Le matin, lorsque le soleil brille, qu’une bonne chanson passe à la radio ou bien que les enfants jouent dans l’auto, j’oublie la pandémie et je souris l’espace d’un instant.
Lorsqu’une collègue me raconte une mauvaise blague à deux mètres bien calculés, nous rions à travers nos masques et j’oublie. J’oublie que mes propres amis ne sont pas venus à la maison depuis bientôt un an, que nos enfants grandissent et que leurs souvenirs de la joie que procuraient ces petits moments à jouer ensemble pendant que nous discutions de tout et de rien s’estompent peu à peu.
Le samedi soir, après un bon souper partagé avec ma petite famille, l’instant d’une gorgée de vin, j’oublie. J’oublie que je n’ai pas partagé de repas avec mes parents depuis des mois, alors qu’ils demeurent à trois coins de rue de chez moi. Puis je me rappelle que mon petit dernier sait maintenant parler, que personne de la famille n’a eu l’occasion de le voir depuis et que ce temps volé ne nous sera jamais remis.
À la maison, lorsque mon bébé reçoit enfin un énième résultat de test de Covid négatif parce que son nez coulait encore, j’oublie. Pendant quelques secondes, j’oublie la charge de travail, autant à la maison qu’au travail, que cette pandémie nous rajoute à tous, et je respire librement.
Le soir, pendant une vidéoconférence avec les gens que j’aime et que je ne peux pas voir, j’oublie. J’oublie que notre été se déroulera une fois de plus à la maison, sur notre petit carré de gazon et que je ne reverrai pas de sitôt la plage.
La semaine, lorsque je reçois un texto d’une amie, de ma sœur ou de mon frère, j’oublie encore. Pendant que je lis leurs paroles réconfortantes et leurs jeux de mots bien placés, j’oublie que je suis une maman au bout du rouleau qui ne peut même pas se permettre de pause.
Malgré la pandémie et les épreuves que nous traversons chaque jour, chaque fois que j’oublie, je réalise à quel point je suis chanceuse d’être en santé, d’avoir un amoureux présent et tout simplement d’être en vie alors que tant d’autres ont perdu la leur.
Puis, inévitablement, je finis par me rappeler à nouveau. Et j’attends.
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