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Voilà une semaine que tu es parti mon bébé

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Voilà une semaine que tu es parti mon bébé, celui que j’imaginais rencontrer, mettre à mon sein, consoler. Celui pour lequel on réfléchissait au prénom et aux couleurs de la chambre. Celui que le grand frère câlinait déjà.

Ton existence a été brève, bien lové au chaud dans mon ventre. Mais même en si peu de temps, je me suis tellement sentie être ta maman. Tu étais juste là, avec nous, même si petit.

Ce qui m’est arrivé s’appelle une fausse couche, mais pourtant c’était une vraie grossesse. Avec du vrai amour.

J’ai eu le temps de t’aimer, de te chérir et de t’accueillir comme le nouveau venu dans la famille. Tu es arrivé comme une surprise extraordinaire et inattendue, et tu es parti sans prévenir. Ton coeur s’est arrêté de battre. Je venais de te voir, si joyeuse de cette écho, je t’ai vu, mais tu n’étais plus.

Tout s’est écroulé et ma vie ne sera plus jamais pareille. On a finalement dû t’arracher chirurgicalement à moi et je suis anéantie de t’avoir perdu. Mon corps ne ressent plus rien, il est anesthésié par la tristesse.

Les épreuves qui suivent sont génératrices d’une douleur indescriptible, celle d’une mère qui ne verra jamais son ventre s’arrondir pour toi, celle d’une mère qui ne te portera jamais dans ses bras. Je comprends petit à petit que je ne cicatriserai jamais, que je n’accepterai jamais. Je vais juste devoir apprendre à vivre sans toi. Un jour à la fois. Je sais que j’imaginerai les échéances que nous aurions eues, les rendez-vous d’échographies pour te voir, les douces ondulations que j’aurais pu ressentir au creux de moi lorsque tu aurais bougé, et bien sûr ta naissance et ton premier regard.

Je ne sais pas pourquoi tu es parti. Était-ce à cause d’une maladie, d’un handicap? Ou peut-être, petite âme, as-tu eu peur de t’incarner dans ce monde? Si c’est de ça dont il s’agit, tu peux revenir, on sera là, ton super-papa, ton grand frère pressé de le devenir, et moi. On peindra ta vie en couleurs, on t’aimera de toutes nos forces comme on t’aimait déjà. On sera bien à quatre, on te guidera, je te promets que ta vie sera douce.

Le temps file, mais je te pleure tous les jours et je crois que je te pleurerai encore longtemps. On ne peut imaginer la solitude dans laquelle on se sent dans ces moments. Seule au milieu d’une mer déchaînée, en pleine tempête. Parfois les vagues se calment, et je vois la terre là-bas au loin. Je me demande si j’y arriverai un jour. Puis la tempête revient. Tsunami émotionnel. Tourbillons incessants.

« Ça arrive à une femme sur quatre », certes, mais ça n’en fait pas pour autant une banalité.

« Les couples refusent d’annoncer la grossesse avant trois mois de peur qu’il se passe quelque chose »… quelle grossière erreur. C’est si précieux d’avoir un entourage compréhensif, qui puisse être un soutien dans cette épreuve. C’est si important de pouvoir en parler. Mes amis et ma famille n’ont jamais été aussi précieux.

« La peine que tu as n’est pas proportionnelle au temps qu’il a passé dans ton ventre », « Tu as le droit d’être effondrée, accueille ta tristesse, elle est si légitime », « Ça prendra du temps pour apprendre à vivre avec, mais tu sauras y arriver, le temps fera que tu te surprendras toi-même »; tant de phrases qui m’ont fait un bien fou dans ces moments si noirs.

Les bras chaleureux qui m’ont serrée très fort me sont apparus comme des bouées de sauvetage. Les mains tendues sont des lanternes dans cette profonde obscurité. Ceux qui écoutent inconditionnellement ma détresse resteront à jamais gravés dans mon coeur.

J’ai besoin de dire qu’il ne faut pas se cacher lorsqu’on vit cette épreuve, et j’ai besoin de dire « Merci’ et « Je vous aime » à ceux qui m’entourent.

Bientôt un tatouage viendra orner ma peau pour ton souvenir mon tout-petit, pour que tu sois toujours là avec moi. Ce sera toi. Tu seras toujours là avec moi.

Si petit que tu aies été, tu prendras toujours une place immense dans mon coeur.

Je t’aime et tu me manques.

Crédit : Jelena Stanojkovic/Shutterstock.com

Fanny Granier

En couple depuis une vingtaine d’années et amoureux de nos vies festives et de notre liberté, nous avons décidé un peu sur le tard de devenir parents. Désormais maman d’un petit garçon adorable et plein de vie, j’ai réalisé grâce à la parentalité que nos enfants nous apprennent à devenir parents comme nous les guidons pour grandir. Je vis donc cette réciprocité en faisant de mon mieux, sur mon ile de l’océan indien où nous avons la chance de vivre toute l’année dehors. Très sensible et pleine d’émotions, je vis ma vie à 100 à l’heure entre mes 2 jobs, ma vie de femme et ma vie de mère.

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3 Comments

  • Bonjour je suis de tout cœur avec vous. Je ne peux que comprendre les sentiments que vous ressentez, ayant subi cette perte immense il y a 19 ans pour ma première grossesse. Mon petit ange est parti à cinq mois de grossesse. Mais il serait toujours dans mon cœur et sur ma peau avec le papillon tatoué sur mon épaule. Et ses sœurs qui sont arrivées après connaissent son existence. Je vous embrasse.

  • Je comprend tellement perdu mon premier à 25 semaine de grossesse et c’est une mort utérine j’ai du accouché mon premier en 8 ans d’essai et un bébé ange depuis le 17 novembre 2020 ?

  • Je suis éducatrice en milieu familial et j’ai vécu la même chose que tu as vécu mais par le biais d’une maman qui fait garder chez moi.
    Mon conjoint est chanteur et lorsque j’ai appris la triste nouvelle de la maman j’ai demandé à Dan de composer sur cette histoire, il avait les émotions à fleurs de peau lui aussi. Ceci est arrivé en 2016 mais ce n’est seulement cette année sois le 31 mars 2021 que la chanson à vu le jour.
    Si tu veux je pourrais vous l’a partager avec plaisir.
    Je sympatise tellement avec Vous tous qui avez perdu ce que vous avez de plus précieux, étant aussi maman de 3 enfants.
    Sylvie Desfossés

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