Je suis une maman et je pense que j’en fais trop.
Quand bébé nous réclame en pleurant de tout son être, je monte sur mon grand cheval blanc et je cours à son secours. Toi, tu restes là, au milieu du salon, à te demander quoi faire. Une fois l’orage terminé, je ne peux pas m’empêcher de te le remettre sur le nez. Pourquoi suis-je toujours le premier répondant? Pourquoi dois-je assumer le rôle de sauveur encore une fois?
C’est peut-être moi en fin de compte qui aurais dû te laisser de la place afin que tu le consoles et que tu le réconfortes, comme tout bon papa sait bien le faire. Tes câlins peuvent être aussi réconfortants que la douceur de ma voix.
Je suis une maman et je pense que j’en fais trop.
Quand il est l’heure de manger et que je m’empresse de mettre la table tout en mangeant à toute vitesse pour pouvoir m’occuper de notre enfant, je me demande pourquoi ces tâches me reviennent d’office. J’aimerais bien, moi aussi, manger sans me presser. Pourquoi ne pourrais-tu donc pas toi aussi programmer en avance l’heure des boires et des repas?
Mais lorsque je m’arrête deux minutes pour analyser la situation, je réalise que depuis mon accouchement, c’est moi qui nous ai imposé cet horaire si strict et peu flexible. Toi, tu n’as pas eu ton mot à dire. Personne ne t’a demandé ton opinion. Je l’ai juste intégré à notre routine. Tout simplement. Je pense que j’ai même omis de t’expliquer les grandes lignes de ce tout nouveau plan. Alors, c’est peut-être normal que même après quelques mois, tu ne saches pas encore que bébé boit aux trois heures et que ses siestes durent en moyenne cinquante minutes.
Je suis une maman et je pense que j’en fais trop.
Chaque fois qu’on doit faire une sortie avec bébé, c’est moi qui prépare le lait, les couches, les jouets et tout le tralala pour notre excursion. Ensuite, j’habille toute la famille. Je choisis les vêtements de tout le monde, je prépare bébé, je cours après pour lui mettre son manteau, sa tuque et ses mitaines. Je ne m’arrête que quelques secondes pour me regarder dans le miroir, juste pour être certaine d’être au minimum présentable au monde extérieur. Et toi, que fais-tu? Tu me regardes. Tu es déjà prêt à partir. Pourquoi ne m’as-tu donc pas aidée pendant que je courais de gauche à droite?
C’est peut-être parce que j’allais si vite, telle une tornade, que tu as été étourdi par la suite des événements. Peut-être m’as-tu même offert ton aide, mais je n’ai rien entendu tellement j’étais concentrée à suivre ma liste mentale.
Je suis une maman et je pense que j’en fais trop.
Lorsque bébé cherche son jouet préféré du moment, je me transforme en détective privé pour tenter de retrouver son précieux. Pendant que je suis en train de retourner tous les meubles de la pièce, tu restes au centre de celle-ci, te demandant pourquoi la perte de ce jouet est si grave.
Il se pourrait bien que j’aie oublié de t’expliquer que depuis hier, notre enfant ne veut rien savoir de monsieur hibou et, qu’aujourd’hui, il n’a que d’yeux que pour madame la pieuvre. Tu ne peux pas le savoir puisque tu étais au travail la veille, alors que moi, j’ai passé toute la journée avec lui. Parfois, notre enfant est tellement le centre de mon attention, que j’oublie qu’autour de moi, le reste du monde a continué de tourner.
Je suis une maman et je pense que j’en fais trop.
Je m’en demande trop et je t’en demande trop à toi aussi. Je me demande régulièrement pourquoi tu n’agis pas d’une telle manière sans jamais remettre mes propres agissements en question. Je m’attends à ce que tu réagisses à des demandes qui n’ont jamais été prononcées alors que ce qui est évident pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Mais surtout, je ne te laisse jamais prendre ta place. Ta place d’époux et de père aimant.
Je suis une maman qui en fait trop. Mais je te promets qu’à l’avenir, j’en ferai moins, je t’expliquerai clairement quels sont mes attentes et mes besoins, je te laisserai la place qui te revient et je tenterai de souligner tes bons coups tout comme tu ne cesses de souligner les miens.
Je t’aime.
Wow, j’aurais pu l’écrire ce texte! sauf la fin… disons que de mon côté, j’ai perçu ça comme un manque d’intérêt de sa part et ça causé plus de chicanes qu’autrement, malheureusement. Je ne suis pas parvenue à voir ça comme étant de ma faute, comme si c’était moi qui prenait trop de place. Je me demandais pourquoi il ne la prenait pas lui, sa place. Pourquoi il se laissait décourager, évacuer si facilement… Bien sûr qu’on peut paraÎtres exigeantes! Plutôt normal non? on l’a porté cet enfant, on l’a mit au monde (on en avait déjà perdu un avant!), alors on peut bien vouloir le best, non? On peut bien être un tantinet au-devant des choses, non? Mon mari me traitait de maman lionne et me disait que j’étais jamais contente… bof. Moi je me trouvais sur la coche, sur le piton! Il ne m’a jamais fait de compliments, et moi non plus. Alors je dis bravo, et je suis contente pour toi. Love xx