Non, mon amour, je ne te donnerai pas un autre enfant.
Je sais que ce n’est pas habituel. Je sais, c’est souvent la maman qui insiste et le papa qui ne veut pas. Mais je sais aussi que même si je t’aime, même si j’aime nos enfants plus que tout, non, je ne te donnerai pas ce dernier enfant que tu désires tant.
Depuis le début, nous savions que nous voulions plus qu’un enfant. C’est fait. Mais quand tu m’as dit que tu en voulais un « petit dernier », j’avoue que ça m’a vraiment surprise.
Parce qu’on est déjà dans le jus avec nos enfants.
Parce qu’on a déjà pas de temps pour nous, ni chacun de notre côté, ni ensemble.
Parce que même si notre couple va bien, il y a des bouts qui sont rough en maudit.
Parce que je m’endors sur le divan tous les soirs, brûlée raide, avec au minimum une brassée de pas pliée.
J’y ai quand même pensé. J’ai quand même réfléchi. J’ai pleuré parce que j’avais l’impression de devoir choisir entre moi et un autre bébé. Et non, mon amour, je ne serai pas en mesure de répondre à ton désir.
Il n’y a pas à dire, tu es un super papa, tu t’occupes des enfants sans problèmes et on se partage presque équitablement les tâches. Mais en bout de ligne, c’est de mon corps dont on parle, de mes hormones, de mon post-partum, de mon combat difficile avec l’allaitement et de mon manque de sommeil.
Oui, je m’ennuie de sentir un bébé bouger dans mon ventre. Oui, je m’ennuie de ces moments collés avec un minuscule bébé. Mais non, je ne m’ennuie pas des suivis de grossesse. Du stress lié aux complications possibles. De la douleur de l’accouchement. Des premières semaines où prendre une douche de plus de dix minutes relève de l’exploit.
Alors non, je ne te donnerai pas un autre enfant. Parce que je nous aime comme ça et que je suis contente de ce que notre famille devient. Mais surtout parce que, pour une rare fois depuis les dernières années, je me choisis avant et c’est pour cette raison que je peux t’assurer que notre dernier enfant est en train d’essayer de faire du vélo avec ses frères.
Il a beau ne plus avoir son odeur de bébé, dans mon cœur, il le sera toujours.
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