Avant la Covid, t’étais une mère et une employée presque parfaite. Dans tous les cas, tu t’efforçais de l’être et aux yeux de plusieurs, tu l’étais. T’avais le poids du monde sur le dos, un poids qui n’appartenait pas qu’à toi, mais tu gérais. Tu as toujours géré. Telle une funambule marchant sur un fil électrique en plein orage, ton équilibre était précaire, mais il était bel et bien là. La tranquillité, tu l’achetais à coups de McDo les soirs de semaine où tu finissais de travailler trop tard parce que tu as appris à choisir tes batailles.
Mais entre le confinement, le télétravail, l’école à distance et les enfants à temps plein, quelque chose s’est brisé. Tu n’arrives plus à fonctionner, tu mènes trop de combats à la fois et maintenant, c’est toi qui aurais besoin d’être sauvée.
Les mesures sanitaires ont peu à peu entraîné la perte d’une partie de ta santé mentale. T’étais de celles qui tiennent tout à bout de bras, même quand elles ont les bras en Jell-o pis le dos barré à double tour. Passée maître dans l’art de la conciliation travail-famille-vie personnelle, tu surfes sur les horaires chargés avec le sourire tel un ninja de l’organisation. Correction. Tu ne sais pas exactement quand, mais au cours des derniers mois, les sourires se sont transformés en soupirs.
Avant, les jours où t’étais à bout de souffle, il y avait la garderie, tes amies ou mamie. Il y avait une façon d’avoir un répit. Mais ça, c’était avant que tout ne s’écroule. Avant que ta barque commence à prendre l’eau. Avant la pandémie.
Du jour au lendemain, tu t’es retrouvée sans plus aucun support. Pourtant, au boulot et avec les enfants, tu devais encore performer. Alors tu t’es mise une pression monstre sur les épaules et tu t’es mise à travailler jusqu’à pas d’heures pour continuer de donner le même rendement. Entre tes mille et une réunions Zoom, tes p’tits ouragans cherchaient désespérément ton attention à coups de bêtises de plus en plus graves et constantes et il te fallait les divertir avant la tempête des leçons et pour faire cesser celle qui détruisait ton salon. Tu as pris toute une débarque et tu as véritablement compris, là et maintenant, le vieil adage qui dit qu’il faut un village pour élever un enfant.
Ce matin, après des mois à vivre le plus normalement possible à travers cette crise qui ne finit plus, il y a du lavage à faire, il y a les enfants à préparer. Il y a le travail aussi, le retour au bureau. Et il y a toi. Toi qui craques. Toi qui trembles, toi qui pleures dans ton char. Toi qui, pour la première fois, se claques une crise d’angoisse. Toi qui es paralysée devant ta pile de dossiers. Toi qui as envie de te rouler en boule et de te sauver. Toi qui, pour la première fois, as oublié un rendez-vous. Toi, qui se sens coupable parce que tu as l’impression d’échouer dans ton rôle de mère, d’échouer dans ton rôle d’employée et de t’échouer comme une baleine au bord du rivage. Comme si tout ce que tu faisais n’était pas assez.
Aujourd’hui le monde s’écroule sous tes pieds, mais sache que tu as toujours été et tu sera toujours plus qu’assez. Tu as toujours été incroyable.
Donne-toi le droit de prendre soin de toi; tu prends soin de tellement de gens. C’est à ton tour. Même les superhéros ont besoin de poser leur cape à l’occasion et de recharger leur batterie. Prendre du temps pour toi ne doit pas être une légende, quelques chose qui a jadis existé. Pour une fois, sois égoïste. Pense à toi. Parce que quand tu dis non aux autres, c’est à toi que tu dis oui. Et si c’est toujours légitime de le faire, ça l’est d’autant plus en pleine pandémie mondiale.
WoW merci de mettre des mots sur cette boule dans mon moi même …
Merci d’avoir mis des justes mots sur cette situation! Fait du bien à l’âme?❤