Je suis une maman résiliente. Au fond de moi, profondément ancré, il y a un arc-en-ciel. Mais ces jours-ci, je dois l’admettre, il pâlit. De fatigue et d’usure.
Je suis cette personne qui, depuis le mois de mars dernier, tente dans la mesure du possible et des mesures imposées de vivre ma vie « normalement ». Mes actions suivent, ou du moins tentent de suivre, le plus adéquatement possible les consignes exigées. Et je le fais en gardant le sourire, sans pester parce qu’à mes côtés se tiennent des enfants que je souhaite élever dans le respect.
Je suis donc cette maman qui rappelle à ses enfants de ne pas oublier leur masque. De se laver les mains. De garder une bonne distance entre chaque personne. Je suis cette maman qui, devant le tollé d’insanités que l’on voit partout, tient bon et se dit que ça va passer, que c’est temporaire. Que ça va bien aller.
Mais ces jours-ci, je sens la lourdeur des derniers mois me frapper de plein fouet. Je sens une lassitude s’emparer de moi devant la menace d’un reconfinement, même partiel. Je sens une frustration monter en moi à l’idée que mes enfants devront mettre de côté leur sport qui était, à mes yeux, le dernier bastion d’une vie quasi normale. Que les adolescents devront porter un masque en tout temps. Je comprends l’objectif de chaque mesure, mais les développements des dernières semaines sont la goutte de trop dans mon vase déjà plein. Parce qu’en tant qu’adulte, j’accepte les contraintes qui me sont imposées. Mais je n’arrive plus à présenter celles imposées à mes enfants positivement. Leur déception grandit chaque fois et plus le temps passe, plus je ne peux que les comprendre. Parce que, plus que jamais, j’ai le sentiment que notre santé mentale paie la note et qu’elle ne le devrait pas.
Je sens donc que ma résilience m’abandonne peu à peu et que mon vase est sur le bord de déborder. Je ne tomberai pas dans les idées saugrenues de complots et autres théories abracadabrantes pour autant, mais présentement, et pour la première fois, je me sens à bout et dépassée. Je me sens triste parce que chaque semaine s’ajoutent des mesures qui en demandent davantage à mes enfants. Je les ai protégés autant que j’ai pu ces derniers mois. J’ai tenté chaque semaine de leur faire voir les choses positivement, mais cette fois, je n’y arrive pas.
Mes enfants ont bravement annulé leur fête d’anniversaire. Ils ont sagement compris qu’ils ne passeraient pas l’Halloween cette année. Ils sont restés à la maison lorsque les parcs étaient fermés. Ils ont salué leurs amis d’école et ont fait leurs adieux à leur professeur via une plateforme web sans broncher, parce qu’ils comprenaient que c’était le prix à payer pour aider toute la société. Mais je sens que leur résilience s’épuise. Qu’on leur demande de faire tellement de choses qu’ils ne devraient pas avoir à faire en tant qu’enfants. Des choses qui nous permettent de moins en moins de les tenir loin de tout ce noir qui est en train de prendre le dessus sur tout le reste.
Bravo pour ce témoignage 🙂
Imaginez ce que doivent faire et vivre les enfants des pays en guerre.. Les enfants dans les pays où ils doivent travailler des 14-16h par jour dans conditions inhumaines pour nous permettre d’avoir notre train de vie que nous prenons pour acquis. Imaginez ce qu’on vécu de jeunes adultes, à peine sortis de l’adolescence, qui ont dû aller combattre en Europe durant les deux grandes guerres… Oui, c’est dommage ce qui arrive ici. C’est contraignant, ça dérange nos habitudes, bouscule notre quotidien. Mais il faudrait peut-être regarder au tour de nous un peu (et je dis pas de regarder chez le voisin, là) et se dire que malgré tout, nous sommes encore très bien. Les jeunes sont plus résilient qu’on ne le pense. Certes, ça va laisser des cicatrices mais heureusement, dans quelques années, la plupart de nos enfants auront repris le train normal de la vie et cette pandémie aura été un épisode de leur longue vie. Je conviens qu’il y en a pour qui ça aura été plus difficile et les blessures seront plus profondes. Ça m’attriste énormément. Ça m’inquiète. Pour eux, j’aurais aimé qu’on soit plus préparés, mieux outillés à les aider.
Mais il ne faut pas tomber dans la dramatisation non plus. Ayons confiance en nos jeunes.
Tellement pareil chez moi… on essaie de tout ramener au positif parce que tout ce qu’ils entendent ne l’est pas… on a été obligé de leurs dire que le patinage artistique était annulé, les soupers avec grand-mère étaient impossibles et maintenant je dois annoncer pour Halloween… j’ai un trop plein je crois… merci!
Et 3 mois plus tard….
Merci pour votre témoignage.
L’addition est lourde effectivement. Et s’alourdit chaques mois un peu plus. Et nos enfants en paye un prix élevé je le vois aussi dans les miens.
Nous vivons maintenant dans une société malade d’hygiène, faite d’obessions sanitaires et de distantiation, tout court. Et cela semble t-il à n’importe quel prix morale et bien être mental. Quid de l’addition entre ce qui est sauvé/retardé et ce qui est perdu… Je me garderai bien de faire l’addition. Même si je la paye déjà et qu’au vu des dégats celle-ci devra être payée pendant encore longtemps.
Violences conjugales, augmentation alarmente d’alcool et de cachet, suicide en hausse, depression, isolement, chomage, faillite, bien des indicateurs dans le rouge.
Quid de l’addition? Je ne sais pas, pour l’instant je fais comme tout le monde, je paye et je me dégrade. Comme presque tout le monde dans mon entourage.
Bonne chance à vous collaboratrice de l’ombre, et à tout le monde.
M.H