Cher employeur,
Je connais ma valeur dans notre domaine. Au fil des années, j’ai peaufiné mon expertise, j’ai su faire ma place et gravir les échelons. Mon poste actuel, je ne l’ai pas volé, mais bel et bien mérité. Je suis une employée fidèle, travaillante et compétente. Je ne dis jamais non ou presque. J’ai remplacé et donné des heures pour aider mes collègues qui devaient partir à la course après un appel de la garderie. Je l’ai fait avec plaisir, pendant plusieurs années.
Aujourd’hui, c’est à mon tour d’avoir des jeunes enfants et au cours des prochaines années, je m’attends à ce que les appels de la garderie soient nombreux. J’essaie d’être positive, mais je suis aussi réaliste. Mes enfants risquent d’être fréquemment malades dans leurs premières années de vie et mon conjoint et moi devront forcément jongler avec nos horaires et nous absenter. Et ça, cher employeur, je sais que ça te complique la vie. Bien entendu, il y a des lois pour protéger mon emploi, mais je sais très bien que tu anticipes mon absentéisme puisque mon emploi, je ne peux pas le faire en télétravail.
C’est pour cela, cher employeur, que j’aimerais que tu te souviennes de tout ce que j’ai donné avant, afin de moins m’en vouloir cet hiver lorsque je devrai rester à la maison pour soigner mes petits malades.
J’aimerais que tu te souviennes que sous les congés forcés, se cache une femme compétente et travaillante, qui ne veut pas être mise de côté et qui a tant à prouver encore. Oui j’ai choisi d’avoir des enfants, oui je choisis d’en faire ma priorité, mais non, comme tout le monde, je ne choisis pas de les voir bâtir leur système immunitaire au péril des mes heures de travail hebdomadaires.
Les temps seront donc probablement un peu plus difficiles prochainement mais n’oublie pas, cher employeur, que c’est tout en mon honneur de prioriser mes enfants et que sous la maman inquiète et protectrice, se cache une femme de carrière qui essaie tant que bien de mal d’arriver, sans se faire juger.
Oh que ce texte me parle! Je ne réagis que très rarement à un texte mais c’est tellement ma réalité! Une job que j’adore, une carrière qui se dessine tranquillement mais un mari qui travaille de longues heures. J’anticipe l’automne et l’hiver avec appréhension, espérant que tout se passe bien et surtout, en espérant que mon patron comprenne que malgré que je rêve d’être où je suis depuis très longtemps, j’aime mes enfants plus que tout et jamais on ne me fera douter de mon choix d’avoir ces petits êtres. Mes enfants sont ma vie, elles sont ce que j’ai de plus précieux et aucune job au monde ne sera plus important qu’elles.