Mon corps venait à peine de mettre au monde mon enfant que c’est ce que je ressentais. Mon ventre est une maison vide. Il n’abrite plus de petit être. Il ne crée plus de miracle, pas plus qu’il ne crée d’espoir. La magie ne s’y produit plus et ne s’y produira plus.
Mon ventre est une maison vide qui ne se remplira probablement pas à nouveau. Une maison toujours bien tempérée, ni trop petite, ni trop grande, en mesure de toujours fournir à ses occupants ce dont ils avaient besoin jusqu’à leur départ. Un lieu sûr, tranquille et douillet où les occupants se reposaient sur les rythmes doux et réguliers de battements de coeur qui résonnent. Une maison qui a rempli du mieux qu’elle pouvait ses obligations, mais à qui on donne maintenant, bien malgré moi, un repos bien mérité.
Mon ventre est une maison vide. Il ne portera plus la vie, il ne sentira plus de petits coups, ni de hoquets. Il ne me fera plus entendre de petits battements de coeur rapides, ni voir un minuscule petit être sur un écran. Je ne le caresserai plus, en m’imaginant le doux visage du petit être que je crée et le futur proche qui nous attend. Je ne serai plus en parfaite symbiose avec le petit être l’habitant.
Mon ventre est une maison vide. Seulement mon ventre. Et pourtant, quand j’y pense, j’ai l’impression que c’est tout mon être qui est vide. Alors que ce n’est pas le cas.
Mais heureusement, même si mon ventre est une maison vide, mon coeur lui est plein à craquer d’amour inconditionnel et parfois, j’ai l’impression que ça occupe le vide de ma maison.
Ariane Gagnon
Je trouve ce texte superbe….il me parle tellement…j’espère seulement que ce coeur plein à craquer sache consoler parfois ce ventre vide qui pleure…parfois… de ne pas être habité depuis l’âge de 27 ans…et aujourd’hui j’ai 43 ans.