Mon bébé,
Depuis ta naissance, j’ai peur.
J’ai peur d’être une mauvaise mère pour toi. De prendre les mauvaises décisions. De ne pas en faire assez ou d’en faire trop. D’être trop sévère. D’être trop permissive. De ne pas être assez présente. De ne pas être assez patiente. De ne pas répondre à tous tes besoins. De ne pas jouer assez avec toi. De ne pas t’apprendre tout ce que tu as besoin de savoir. De ne pas t’alimenter avec assez de fruits et de légumes. De te permettre trop de temps d’écran. De ne pas passer assez de temps dehors. De trop te gâter ou pas assez. De te décevoir. De ne pas être à la hauteur.
J’ai peur que tu sois malade. Que tu sois enrhumé ou grippé. Que tu attrapes la varicelle, le pied-main-bouche ou pire encore. Qu’on apprenne que tu as une maladie grave, très grave. Que tu sois hospitalisé. Que tu doives recevoir des traitements particuliers. Que ton petit corps doive combattre plus fort que lui. Qu’il perde la bataille.
J’ai peur qu’il t’arrive un accident. Que tu tombes en bas d’un module de jeu, de ton vélo ou encore que tu déboules les marches. Que tu te fasses frapper en traversant la rue ou que tu te casses quelque chose en glissant sur la glace l’hiver. Que tu te coinces les doigts dans une porte. Que tu reçoives un ballon en pleine face. Que tu te coupes en cassant un verre ou que tu t’étouffes en mangeant un raisin.
J’ai peur qu’on te fasse du mal. J’ai peur qu’on te blesse physiquement ou psychologiquement. Qu’on te fasse de la peine, qu’on te ridiculise, qu’on t’intimide, qu’on abuse de ta naïveté. Qu’un adulte malveillant décide de s’en prendre à toi. Qu’on te fasse souffrir.
Mais ma plus grande peur, c’est de te perdre. Que tu ne sois plus dans ma vie. Que ton passage dans mon existence n’ait été qu’éphémère. De ne plus pouvoir te serrer dans mes bras et t’embrasser. De ne plus jamais t’entendre me dire : « Maman, je t’aime ». De ne pas pouvoir te voir grandir. De continuer mon chemin sans avoir ta présence à mes côtés.
Quand je pense à toutes ces peurs, il m’arrive parfois d’en perdre le souffle. De me mettre à paniquer. Puis, je me ressaisis et je me rappelle que la peur n’apporte rien. Qu’elle ne fait que de l’ombre au bonheur. Qu’il faut savoir saisir le moment présent plutôt que de toujours se projeter dans l’avenir. Que je dois faire te faire confiance. Que je dois me faire confiance. Et que je dois faire confiance à la vie.
Je t’aime.
Laisser un commentaire