Avant même le confinement, je connaissais la chance que j’avais de demeurer si près de vous, mes parents. Une chance que j’avais en fait choisie car c’était important pour moi de déménager près de vous.
Jusqu’à il y a quelques semaines, que ce soit pour des soupers par-ci par-là, pour des visites surprises ou pour des « Papa, maman, j’ai vraiment besoin d’un break », vous étiez toujours disponibles et surtout heureux de vous occuper de vos petits-enfants, j’étais toujours la première partante pour passer du temps avec vous et j’adorais vous voir interagir avec les petits. À chaque fois, nous remercions la vie de vous avoir si proches et en santé.
Mais depuis le début de la crise, le fait de vous avoir si près de nous rend les choses encore plus difficiles qu’elles ne le sont déjà.
Rien ne me brise autant le coeur que de voir mon enfant vous saluer de la fenêtre de la maison et de devoir l’arrêter quand il part à la course vers la porte pour sauter dans vos bras.
Même si à leur âge, ce n’est pas toujours facile de mettre des mots sur leurs émotions, le fait que toutes les poupées de la maison portent désormais votre nom et qu’on joue régulièrement à s’habiller « chic » pour aller vous rendre visite de l’autre côté de la fenêtre nous font réaliser à quel point les petits s’ennuient de vous autant que leurs parents.
Papa, maman, sachez que c’est un deuil chaque jour de ne pas pouvoir vous montrer en personne les exploits du petit dernier ou les prouesses de notre aîné.
C’est un brise-coeur de vous saluer de la fenêtre de la voiture, en passant lentement devant votre maison, car les enfants ont demandé à aller « vous voir ».
J’ai encore le goût amer de mes paroles lancées en panique lors d’une promenade où nous nous sommes croisés : « Éloigne-toi de grand-papa, tu es passée trop près avec ton vélo. » Jamais de ma vie, je pensais devoir dire à mon enfant que ce serait dangereux d’être trop à proximité de quelqu’un qu’on aime tant.
Je dois aussi retenir mes larmes quand je calme les crises des enfants et leur réexplique pour la centième fois pourquoi on ne peut pas aller jouer chez grand-papa et grand-maman comme on le faisait souvent, il n’y a pas si longtemps.
Aucun écran et aucun appel ne remplacera la chaleur de vos bras et actuellement, j’aurais besoin d’un câlin de votre part autant que les enfants. Je réalise que nous perdons, un peu chaque jour, une multitude de moments qui ne reviendront jamais. Les enfants vieillissent, loin de leurs grands-parents, qui sont si près, mais si loin en même temps.
Je le sais, c’est pour notre bien et celui de tous, mais ça ne m’empêche pas d’être un peu plus triste chaque jour de devoir faire ma vie comme si vous demeuriez à l’autre bout du monde alors que vous restez à côté.
Tout simplement merci …
Très touchant merci.