Repose en paix Océane

En réaction à l’annonce de la mort tragique d’Océane Boyer.

Océane,

Aujourd’hui, j’ai mal à mon coeur de mère comme tous ceux qui ont entendu parler de ta mort cette semaine. Je n’ai pas de mots pour décrire les sentiments qui m’habitent et je n’ose même pas imaginer ce que tes parents, ta famille, tes amis et tes proches auront à vivre dans les prochains mois.

Je viens de cette communauté tissée serrée d’où tu venais toi aussi et la nouvelle a été pour nous tous un choc terrible. Un choc parce que ça aurait pu être nos enfants, nos petits-enfants, parce qu’on a tous appris en même temps dans quelles circonstances tu es morte, parce qu’on voulait qu’ils trouvent qui t’avait fait ça, parce dans notre communauté tout le monde connaît tout le monde.

Aujourd’hui, je dois expliquer à mon grand ce qui t’est arrivé. Pour le sensibiliser, l’éduquer et le prévenir des dangers possibles. Mais aussi pour qu’il devienne un jeune homme respectueux des femmes, un amoureux à l’écoute et un futur papa averti.

Aujourd’hui, je câline mes deux filles en me disant que ça pourrait leur arriver. Que quelqu’un puisse vouloir abuser d’elles, leur faire du mal et les tuer. C’est inconcevable de penser que quelqu’un en qui j’ai confiance veuille leur enlever leur innocence, mais notre monde est rempli de personnes mal intentionnées. C’est pourquoi je me dois de leur expliquer ce qui t’est arrivé. Pour qu’elles s’en souviennent, qu’elles se méfient et qu’elles sachent ce qui peut arriver.

Aujourd’hui, je berce mon petit dernier en ne pouvant m’imaginer que quelqu’un puisse vouloir un jour faire du mal à son petit corps. Je lui raconterai lui aussi ce qui t’est arrivé lorsqu’il sera plus grand.

Aujourd’hui, j’ai mal à mon coeur d’adolescente, parce que j’ai réalisé qu’il y a vingt ans, j’avais ton âge et qu’une tragédie semblable avait consterné cette même petite communauté tissée serrée où nous vivons. Une jeune fille de mon âge était décédée dans des circonstances horribles, ça nous avait tous bouleversés de près ou de loin, mais je me rappelle aussi que ça m’avait beaucoup sensibilisée aux personnes à qui je faisais confiance.

Aujourd’hui, j’ai réalisé que j’étais bien naïve de penser que des événements comme celui-là ne se produiraient plus jamais.

Aujourd’hui, j’ai mal à mon coeur de femme. J’ai pleuré en apprenant ce qui t’était arrivé, parce que tu étais beaucoup trop jeune et parce que ça aurait pu être moi, ma soeur, ma mère ou ma grand-mère, à une autre époque.

Repose en paix Océane.

Audrey Prud’homme