Ma belle amie d’enfance que je n’ai pas vue depuis tant d’années,
Dans le tourbillon de mon quotidien de maman, il m’arrive d’avoir une pensée pour toi. Chaque fois, mon cœur s’emplit d’un étrange mélange de joie, de tristesse, de paix et de regret. Où es-tu? Penses-tu à moi de temps en temps?
Parfois, je regarde mes enfants jouer avec leurs amis et réalise qu’ils n’ont pas la chance que j’ai eue de t’avoir dans ma vie.
Nous deux, c’était pur, c’était vrai. C’était l’enfance à son meilleur, chargée d’espoirs fous et de rêves encore atteignables.
On connaissait tout l’une de l’autre. On a appris à faire du vélo à deux roues ensemble, on s’encourageait, même si au fond on ne voulait pas être la dernière des deux à réussir.
On passait nos vacances d’été ensemble, matin, midi et soir. À vélo, dans la piscine, dans le boisé, devant la télé les jours de pluie et autour du feu les chaudes soirées d’été. On demandait à nos parents ce qu’on mangeait pour souper pour décider qui inviterait l’autre à partager son repas. Chez moi, il y avait toujours de la crème glacée pour la collation d’après-midi, mais c’est ta mère qui nous servait les meilleurs toasts le matin.
On débordait d’imagination; on n’était pas seules au monde, mais ensemble, on était seules dans notre monde, s’imaginant des maisons hantées devant lesquelles on refusait de passer, une sorcière qui vivait dans le petit bois, des animaux qu’on sauvait et des potions répugnantes qu’on fabriquait avec de la boue et des feuilles.
Avec toi, j’ai frenché mon bras et mon toutou préféré. Je t’ai partagé mes rêves et je t’ai parlé pendant des heures de mes idoles de jeunesse et tu as fait pareil. On était différentes, mais c’était parfait comme ça; on ne risquait pas de fantasmer sur le même chanteur populaire. On s’acceptait entièrement et sans jugement.
Puis, la vie nous a séparées. L’adolescence, les déménagements, les écoles différentes.
J’ai laissé une partie de moi dans ton ancien sous-sol et tu as laissé une petite partie de toi dans ma chambre d’enfant.
Je suis repassée quelques fois devant la maison de tes parents. Y sont-ils encore? Sont-ils en bonne santé? Rien n’est plus pareil maintenant. Serions-nous encore amies si on se revoyait aujourd’hui, ou si la vie nous a trop changées? Je n’ose pas prendre le risque de te retrouver de peur qu’un malaise s’immisce dans mes souvenirs.
Ma belle amie, mon étincelle, tu as illuminé mon enfance pas toujours rose et tu m’as laissé de précieux souvenirs que je chérirai toujours et je t’en remercie.
Même si je ne connais pas l’adulte que tu es devenue, je sais que tu penses la même chose de moi.
Et ça, c’est une des rares certitudes qui m’habitent.
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