mother hold kid in room

Mes enfants, voici ce que j’ai réalisé depuis votre naissance

À l’aube de votre anniversaire, mes enfants, j’ai réalisé que j’ai grandi moi aussi.

J’ai réalisé qui sont mes vrais amis et ma vraie famille. Ceux qui ont été là dans mes premiers moments de détresse en tant que nouvelle mère rudement mise à l’épreuve. Ceux qui ont su être présents, à distance. Ceux qui ont été là lors de votre premier gros rhume. Ceux qui ont vu vos progrès de leurs yeux. Ceux qui ont été présents quand nous n’étions pas beaux, quand nous étions au bout du rouleau, les soirs de semaine, les jours de fin de semaine. Car vous êtes là vous, toujours. Quand nous sommes fatigués, quand nous sommes malades, quand on a besoin de solitude. Vous êtes là tous les jours de l’année. Les vrais amis savent que vous n’existez pas seulement en photo et quand ça va bien.

J’ai réalisé que votre père est un homme extrêmement fort. Il est patient, tellement patient. Il est, après mon père, l’homme de ma vie. Il vous apprendra comment un homme doit traiter une femme. Vous saurez. J’ai réalisé qu’en choisissant cet homme comme père pour vous, je choisissais aussi votre modèle, votre homme de référence, votre première histoire d’amour et le premier homme de votre vie. Jamais je n’ai douté de la capacité de votre père à remplir ce rôle.

J’ai réalisé qu’avec de l’amour, toute épreuve est plus douce à surmonter. Notre couple est régulièrement mis à l’épreuve, mais jamais notre amour. Notre amour nous tient toujours debout, tous les jours et toutes les nuits, autant que nécessaire et il a grandi, lui aussi.

J’ai réalisé que votre frère deviendra un homme tendre et généreux. Il a appris lui aussi. Il a appris à être plus patient. Il a fait tellement d’efforts. Il ne comprenait pas toujours pourquoi nous n’étions pas aussi disponibles pour lui qu’avant, mais il vous aime et c’est ce qui comptait pour lui. Ça lui suffisait, l’amour.

J’ai réalisé qu’on ne peut jamais être prêt à avoir des enfants. Il y a des moments plus favorables que d’autres et on peut théoriquement s’y préparer, oui, mais on ne peut pas être prêt pour quelque chose qu’on ne connaît pas, pour vivre des situations avec des émotions que nous ne connaissons pas encore.

J’ai réalisé que j’ai peur de mourir, maintenant. J’ai peur de vous laisser seuls. De vous infliger un chagrin que je ne pourrai consoler. De priver mes parents de la présence de leur fille jusqu’à la fin de leurs jours et de leur infliger, eux aussi, un chagrin inconsolable. Ce chagrin, je peux maintenant me l’imaginer.

J’ai réalisé tous les sacrifices et les efforts que mes parents ont dû faire pour moi. Ils ont fait de leur mieux, et ce mieux était bien assez. Ce mieux était parfait pour moi, pour devenir qui je suis aujourd’hui. Je réalise que je ne pourrai jamais leur rendre autrement qu’en étant tout aussi aimante et généreuse avec vous qu’ils l’ont été avec moi.

J’ai aussi réalisé que l’amitié n’a pas d’âge, car entre mamans, on se comprend.

J’ai réalisé que les parents qui secouent leur bébé ne sont pas tous des mauvais parents. Ils ne sont pas fous. Ils ne détestent pas leur enfant. Ils sont fatigués et ils ont besoin d’aide. C’est impardonnable, inexcusable, mais ils sont en détresse, et je comprends maintenant ce genre de détresse.

J’ai réalisé que des graines de toasts qui traînent sous la table depuis une semaine ne trahissent pas une maison sale. Elles dessinent plutôt une maison où on y mange à notre faim, où on y mange tous ensemble, où on y mange en vitesse parfois, où on échappe notre assiette et on apprend.

J’ai réalisé que je suis une bonne maman et que je réussis bien jusqu’à maintenant car je fais de mon mieux.

Maman

Crédit : Mladen Zivkovic/Shutterstock.com

Stéphanie Létourneau

Je suis entrée dans le monde de la maternité un peu trop intensément, comme je fais toutes les choses dans ma vie. À coup de deux bébés, dans mon cas, il fallait s’y attendre. Un agenda trop vide nourrit mon anxiété et me déprime et je suis incapable de rester assise; il faut que je bouge, tout le temps, tous les jours. Je ne suis pas de celles qui aiment l’été. J’aime l’hiver, j’aime lorsque le froid me saisit le visage à six heures du matin. J’écris, je couds, j’étudie, je suis infirmière, je suis amoureuse, je suis belle-maman, je suis maman et ça va, je ne suis presque pas essoufflée! Ah et, prendre mon café froid ne me choque pas, ça m’inspire!

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