Mon enfant, c’est difficile de te voir comme ça.
Lorsque j’ai laissé ton père et suivi le chemin vers mon bonheur, j’ai accepté de perdre une partie de toi. J’ai accepté que des valeurs autres que les miennes te soient inculquées. J’ai fait le deuil d’être toujours là, même si on ne s’en remet jamais complètement.
Mais, mon enfant, c’est difficile de te voir partir. C’est dur de voir que lorsque tu es chez ton père, la seule chose que tu as en tête, c’est le nombre de jours qu’il te reste avant de revenir chez maman.
Mon enfant, c’est déchirant pour moi d’apprendre que tu te bats à l’école, que tu injuries les autres, que tu es totalement révolté lorsque tu es dans ton autre vie. J’ai beau tourner la situation dans tous les sens, chercher le pourquoi, outre le fait de souligner mon impuissance et le mal qui me tord le ventre, cette situation est intenable car je ne peux rien pour toi.
Mon instinct me crie d’aller te chercher, te consoler, te sauver, d’être là pour toi, mon bébé.
Puis de l’autre côté, il y a ton père qui réduit nos communications et qui, pour rien au monde, ne laissera jamais cela arriver.
La loi me dit de prendre mon mal en patience et de baisser les bras devant tout ce qui t’arrive à l’école et qui ne ment pourtant pas sur l’état d’urgence de la situation.
Tu es loin de l’âge de raison et je n’ai pas les économies pour une seconde bataille avec ton père bien mieux nanti que moi.
Je sens que je t’abandonne, si tu savais comme c’est dur pour moi de te voir comme ça.
Si je te donne 200% de mon amour et de mon temps une semaine sur deux, est-ce que ça peut faire tourner le vent de bord, tu crois ?
Une partie de moi l’espère, mais l’autre en doute.
C’est tellement ça… tellement difficile … et on est tellement démunie … parfois pour moi il y a de la colère, et parfois elle sort devant les enfants… je me sens tellement coupable après. Les enfants n’en peuvent rien…