Mon bébé, tu m’as appris à m’aimer.
J’ai toujours détesté mon corps. Ce corps trop maigre, trop gros, trop long, trop court selon le moment. Mais surtout selon le regard que je lui portais. Ce corps que je blessais régulièrement, de toutes les façons que je connaissais.
Mais mon amour, ton arrivée a tout changé. L’étincelle de vie que tu as déposée au creux de mon ventre a modifié drastiquement la vision que je portais sur moi-même. Tu as bouleversé mes croyances et fais tomber mon masque et s’effondrer les murs que j’avais érigés autour de moi.
Tel un tsunami, tu as tout dévasté avec ton passage. Au fil des semaines, tu te développais et moi, je changeais, d’une manière tout à fait inattendue. J’ai peu à peu arrêté de me concentrer sur ma vision de mon corps et mon mal-être au profit de ma nouvelle mission : prendre soin du petit être que tu es. J’avais maintenant un but, quelque chose à accomplir. La plus grande responsabilité de ma vie. Comment y arriver si je n’étais même pas en mesure de prendre réellement soin de moi ? À partir de ce moment, quelqu’un allait dépendre de moi et je me devais d’être présente et forte pour lui. J’ai commencé à t’aimer tellement fort dès l’instant où j’ai su que tu étais dans mon ventre. De manière indescriptible. Et par la bande, un peu de cet amour m’est retombé dessus.
Mon bébé, tu m’as appris à m’aimer. Graduellement, j’ai commencé à aimer de plus en plus ce corps qui changeait, qui grossissait à vue d’oeil au fur et à mesure de ta croissance. Pourtant, ma plus grande crainte se concrétisait et tout ce contre quoi je m’étais battue toute ma vie me faisait face, mais ça ne me dérangeait plus. Comme par magie. Ce corps que j’avais tant détesté te permettait de grandir et de te développer. Il te permettait d’être bien au chaud. Il te fournissait tous les éléments dont tu avais besoin pour grandir en santé. Et moi, j’apprenais à l’accepter et à l’aimer.
Quand tu as poussé tes premiers cris, j’ai littéralement fondu d’amour. Malgré la douleur et la fatigue, tu étais maintenant parmi nous et je me devais de te protéger et de prendre soin de toi. Je t’ai pris tout contre moi, je t’ai bercé, je t’ai consolé. Et c’est ce corps que j’avais tant haï qui me permettait de vivre ces moments que je n’oublierai jamais. Ce corps que j’aimais de plus en plus, parce qu’il me permettait de t’aimer, toi.
À travers mon rôle de maman, tu m’as appris à m’aimer et à aimer ce corps avec lequel je vis. À cause de ce qu’il était en mesure d’accomplir pour l’être le plus important de ma vie, j’ai appris à en aimer chaque membre, chaque muscle, chaque centimètre de peau, chacune de ses marques et chaque sensation qu’il me permettait de vivre, collée contre toi.
Mon amour, tu m’as appris à m’aimer et aujourd’hui, même si mon corps n’est plus ce qu’il était, même s’il porte les marques de ton passage, je l’aime d’amour. Il n’est plus aussi jeune, ni plus aussi mince, mais il est plus fort et plus doux parce qu’il a eu l’extrême bonheur de porter la vie et de la serrer dans ses bras chaque fois que tu viens te blottir contre moi. Chaque fois que je te prends sur mon dos ou que je te soulève pour jouer au chevalier. Chaque fois que je te berce pour te consoler, pour t’endormir. Chaque fois que je te cajole et te dis à quel point je t’aime.
Je crois que si, plus jeune, j’avais su tout ce que mon corps me permettrait de vivre de beau, j’aurais certainement été plus douce, plus accueillante, plus aimante envers lui. J’en aurais pris soin, de la même manière que je prends soin de toi. Parce que sans lui, rien de tout cela n’aurait été possible.
Mon amour, tu m’as appris à m’aimer.
Et pour cela, je t’en remercie.
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