Mon enfant,
Tu es né dans un complet silence. Un silence lourd, où chaque seconde était comptée. Un silence remplit de « si », où notre tête part est partie vrille, bâtissant multiples scénarios en une seule minute. Finalement tu t’en ai bien tiré, gigotant dans ton petit incubateur avec autant de fils qu’une multiprise connectés à ton petit corps fragile.
Tu as éclos de ton coco un peu plus tard que les autres, mais au fil des semaines, tu as grandis, tu as souri et chacun de tes sourires m’a rassuré. Tu t’es mis à rouler, à ramper, à te lever debout, à marcher.
Tu grandissais dans le silence, mais tu grandissais. Puis, les bébés autour de nous se sont mis à babiller, à parler, à dire maman, papa. Mais toi, tu restais réservé. Tout le monde disait que tu étais simplement entêté, paresseux. Que tu parlerais quand tu serais prêt, quand tu en aurais envie, que tu débloquerais tôt ou tard.. Mais au fond de moi, je savais que quelque chose clochait. Tu prenais du retard.
Malgré tous nos efforts, tu ne progressais plus. Était-ce ces quelques minutes où ton cœur s’était affaiblit à la naissance qui te rattrapaient ? Était-ce ma faute ? Est-ce que j’en faisais assez ? Je me répétais en boucle que je pouvais assurément en faire plus.
Et puis un bon matin, j’ai décidé que je n’écoutais plus les conseils de tout le monde, et je me suis écoutée, moi. En consultant la petite brique qu’on m’avait donnée pendant ma grossesse, j’ai réalisé l’ampleur du fossé qui se creusait entre ce que tu faisais et ce que tu devrais faire. J’ai décidé de consulter et c’est là où nous en sommes.
Les diagnostics possibles, je les connais, et pourtant, aujourd’hui, j’envoie en l’air toutes ces peurs valser et je me concentre sur toi, ton bien et tes capacités.
Maintenant que l’on t’évalue, j’espère un petit miracle. J’aimerais bien que tu te mettes à faire des sons et des syllabes et j’ai hâte de t’entendre dire un mot, peu importe lequel ce sera.
Que tous ces sons d’animaux et ces mots que tu as entendus jusque-là, tu les aies enregistrés dans un petit coin de ta tête pour me les faire entendre quand bon te semblera.
Mais au-delà de tout, j’espère que plus tôt que tard, tu rattraperas cet écart qui te différencie des autres et que tu auras une belle vie.
Tous souhaitent garder leurs enfants petits le plus longtemps possible, mais moi, j’ai hâte que tu grandisses, que tu évolues et d’ici là, je serai là pour t’aider à traverser les barrières qui se présenteront sur ta route.
Et si nous n’arrivons pas à passer par-dessus, nous en ferons le tour ensemble.
Idem pour ici aussi! Multitude de tests et d’évaluation! Le fossé est grand, mais je ne perds pas espoir!
La 1ere consultation est confrontante, mais, chers parents, retenez bien que votre enfant reste le meme avant d’entrer dans le bureau d’un professionnel et en sortant. Peu importe ce qui se dit dans le bureau. Votre enfant ne se transforme pas magiquement en genie, en monstre, en diagnostic. Il reste le petit etre que vous aimer. Et cest une belle preuve damour que d’entrer dans un bureau de consultation.
Telllement bien expliqué 🙂
Je n’ai pas de conseil à vous donner. Je n’ai que de la compréhension et de l’empathie pour vous. Je suis mère de trois enfants. Un grand, maintenant adulte et deux plus jeunes au primaire. Je suis passée dans le cruncher des évaluations avec mes deux garçons. Ça été des périodes difficiles. Chaque intervenant y allant de son pronostic, de son hypothèse selon sa discipline de pratique. À chaque fois, c’était comme si on me giflait au visage. Ça été de longs détours pour finalement me confirmer ce que je soupçonnais depuis le début. Dans le fond, malgré le passage obligé des évaluations, je n’avais pas besoin de tous ces « ogues » et ces « istes » pour savoir ce qui clochait.
Comme les normes sont bien importantes, ça nous met encore plus de pression. On se sent impuissante, un peu impotente, découragée, fatiguée, en colère, triste. Mais peu importe le diagnostic on aime notre enfant. Oui, il y a des deuils à faire. Votre coeur pourrait mettre du temps à guérir… En même temps, on réalise que notre enfant malgré qu’il n’entre pas les normes, dans les moules, il est extraordinaire. Il a quelque chose de magique qui nous apporte beaucoup.
C’est difficile. Les émotions que vous viviez sont légitimes. C’est important que vous le sachiez, c’est ce que je voulais vous dire.
Très touchant … j’ai aussi un petit bébé spéciale qui a eu une dure arrivée dans ce monde. Oh combien de fois je me suis questionné sur ce que j’avais bien pu faire, qu’elle ne méritait pas ça, c’est vie différente qui la démarquera à jamais de la plupart des gens …
ça fait mal en dedans ! Mais une chose est sure, je serai toujours là pour l’accompagner dans cette différence tout en continuant d’espérer que les miracles existent
Mon petit coco est la preuve que la persévérance et l’aide des professionnels aident beaucoup!! Retard de langage sévère à 3 ans et demi. Diagnostiqué avec un retard de développement global. À la rentrée de la maternelle, on nous a conseillé d’attendre une année de plus. J’ai plutôt suggéré de lui faire faire la maternelle pendant 2 années. Il voulait tellement aller à l’école ! Passé par TOUS les professionnels possibles depuis sa naissance, nous avons continué avec l’ergothérapie, l’orthophonie et la psycho éducation lors de cette première année à la maternelle. À la fin de celle-ci, il se trouvait sous la moyenne, mais était prét pour la première année!! Aujourd’hui, en première année, il se retrouve un peu au dessus de la moyenne !!!! Nous sommes tellement fier de lui!!
Bonjour, j’ai traversé cela. Bilan orthophoniste, espoir, puis bilan neuropsy à 6 ans (pas avant car les progrès sont possibles) et le couperet dysphasie… et j’ai pleuré. Pas un jour, mais tous les jours pendant plus d’un an. Cela remettait en cause mes rêves de maman de voir ma fille bachelière, aller en fac, être une grande oratrice comme sa mère,… J’ai pleuré à chaque fois que quelqu’un la regardait de travers comme si elle était attardée car elle avait du mal à parler et que j’expliquais.
C’était il y a plus de 10 ans, et j’ai toujours ce pincement au coeur, car aujourd’hui aussi je dois expliquer, demander,… Elle a 16 ans, elle parle avec cette prosodie particulière qui ferait penser qu’elle est étrangère, étrangère de sa propre langue maternelle. On ne la regarde plus bizarrement au premier abord, mais les ados sont durs entre eux, les professeurs sont exigeants. Et dans le cadre scolaire, il faut rédiger, c’est-à-dire mettre par écrit ses pensées, alors qu’à l’oral , c’est déjà une souffrance.
je ne lui demande plus que d’être heureuse, d’avoir choisi un métier qui lui plait (manuel heureusement)et de vivre sa vie. Je lui dis toujours quand quelqu’un se moque : « tu as de la chance, tu n’as qu’une dysphasie, tu aurais pu avoir un problème pire, être méchante et sans coeur comme celui-là. »