Je me remémore la dernière année près de toi et j’ai oublié la souffrance; seulement les beaux moments, les sourires et la complicité me viennent en tête.
Pourtant, quand j’y réfléchis bien, elle a été marquée par la douleur, le sentiment d’impuissance, les larmes retenues et les sanglots.
Je n’ai jamais eu peur de me coucher le soir jusqu’à ce que tu sois malade. Par crainte de ne pas te voir te lever le lendemain matin. Par peur de retrouver ton corps inanimé. Cette peur qui me hantait toutes les nuits avant d’aller au lit.
Les nuits où je luttais pour ne pas m’endormir avant que tu trouves le sommeil. Quand, enfin, je voyais ton visage se détendre et se départir de toute sa douleur.
Les nuits où je m’en allais dans mon lit sans y trouver le sommeil, mon cerveau parti en vrille sans pouvoir s’arrêter. Une heure, deux heures, trois heures pendant lesquelles je m’imaginais le pire, où je m’imaginais habillée en noir, à serrer la main de ceux qui pleureraient aussi ta perte.
Les nuits où je n’arrivais plus à contenir mes sanglots. Toutes ces larmes que je retenais devant toi parce que je ne voulais pas te montrer que j’avais peur. Parce que je voulais que tu continues d’y croire, que tu gardes espoir.
Les nuits où je me levais, je collais l’oreille contre ta porte et je sentais mes épaules retomber quand j’entendais ta respiration et je retournais me coucher.
Les nuits où je trouvais enfin le sommeil. Ces nuits où je me réveillais en sursaut en t’entendant te rendre à la toilette en catastrophe pour être malade. Ces nuits où je me levais à mon tour et je venais te flatter le dos. Toi, à genoux à te vomir tes trippes, moi, debout avec ma débarbouillette d’eau froide dans ton cou, à souhaiter que tout ça passe vite, à souhaiter que ce soit moi qui soit à genoux et toi, qui sois debout.
Puis, ces nuits ont pris fin et ce jour que nous redoutions est arrivé et je me suis retrouvée habillée en noir, le mascara coulant sur mes joues, à serrer des mains comme dans mes pires cauchemars.
Maintenant que tu es partie, j’aimerais que tu saches que je ne remercierai jamais assez le ciel d’avoir vécu cette dernière année avec toi. Parce que malgré la douleur, les pleurs et la peur, ce dont je me souviens le plus est l’amour. La complicité que nous avons partagée et ton merveilleux sourire. Ce sourire qui illuminait ton visage malgré toutes les difficultés et la douleur.
Merci d’avoir partagé ces moments avec moi; je n’aurai jamais aucun regret d’avoir vécu cette année avec toi.
Tu peux enfin de reposer.
Wow!!! quel beau texte. Ça vient toucher une corde très sensible. J’ai perdu ma mère il y a 3 semaines. Elle s’est battue contre le cancer pendant 16ans et ton texte décrit exactement ma situation avec elle dans les dernières années. Merci d’avoir partagé ce beau message.
Merci pour ce beau texte il décrit très bien ce que j’ai vécu avec mon mari. Il est décédé il y a 5 mois et je dirai toujours que ce fut difficile à vivre mais ces 3 ans passé à le soigner m’ont permis d’être en paix aujourd’hui.