La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Depuis que tu es devenue mère, la femme, la conjointe et l’amie que tu étais ont été reléguées au second plan. Plus que tu ne le souhaitais. Plus que tu l’avais prévu. La vérité, c’est que la maternité t’a percutée de plein fouet, et comme une tempête, elle a fait quelques dégâts au passage.
La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Certains jours, tu te demandes comment ton chum fait pour vous désirer encore, toi, tes nouvelles responsabilités, tes impatiences, tes larmes et ton nouveau corps.
La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Tes seins ont changé; tu les vois et les ressens autrement depuis qu’ils servent de garde-manger. Ton ventre est parcouru de chemins sinueux; les chemins de l’amour ou les rayures d’une tigresse, que tu aimes te faire croire. Mais même si tu le clames tout haut, une partie de toi demeure tout de même nostalgique, maudit tes vergetures et ton mou de ventre et parfois, te regarder dans le miroir te fait mal.
La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Ta patience envers ton chum a aussi pris une solide claque. Tu te demandes souvent pourquoi il ne voit pas que votre bébé a faim, qu’il a besoin d’être changé. Que tu as besoin d’aide. Que tu as besoin d’affection. Que tu as besoin d’écoute. Tout cela est tellement évident pour toi, mais pas pour lui.
La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Ta capacité à t’occuper de toi semble s’être sauvée, elle aussi, lors de ton accouchement. Tu as l’impression d’être devenue un être primal, qui ne fonctionne qu’à l’instinct. Et ton instinct, lui, ne pense qu’à ton enfant. Il ne pense pas à toi et trop souvent à ton goût, à la fin de la journée, tu choisis de dormir au lieu de manger ou de prendre une douche en te disant que tu repasseras pour le reste.
La femme que tu étais s’est effacée en accouchant.
Et tu as régulièrement l’impression de t’être perdue. Mais ce n’est pas ça.
Celle que tu étais a momentanément laissé place à la mère que tu apprends à être pour revenir plus tard, plus forte que tu ne l’as jamais été. L’intensité des débuts va peu à peu se transformer en une routine et avec le temps, ton bébé deviendra de plus en plus autonome et te laissera, à sa façon, de plus en plus d’espace. Avec le temps, ton besoin de prendre soin de toi émergera à nouveau et ton instinct recommencera à prendre tes besoins en considération.
Sois indulgente avec toi-même; tu ne suis que le cours naturel des choses.
Entre-temps, ne te sens pas coupable de déguster ces petits moments où tu pourras boire un café chaud ou prendre un bain mousse qui aideront à adoucir ton quotidien.
Et surtout, demande de l’aide si tu en as besoin.
Wow wow et rewow !
C’est la première fois qu’un texte me rejoint à la perfection. Tellement qu’on dirait que je l’ai écrit. Ça fait l’effet d’un baume sur le coeur ! Merci pour ces mots remplis d’intensités et de vérités.