Je suis une maman qui ne compte que sur elle-même. Je ne suis pourtant pas maman solo, je pourrais et je devrais m’appuyer sur mon conjoint, apprendre à m’appuyer sur lui, mais ma nature profonde m’en empêche. Je crois que je ne sais tout simplement pas comment faire. Je ne demande pas, j’agis. Je ne sollicite rien, j’assume. Demander un service reste de l’ordre de l’exceptionnel alors qu’à l’inverse, je fais partie de ces gens sur qui on aime pouvoir compter en toutes circonstances.
Je suis une maman qui ne compte que sur elle-même. Je suis de celles qui croient que l’aide véritable n’existe pas toujours ou ne vient pas sans nous faire sentir redevables et qu’il faut donc se relever seules dans de nombreuses circonstances.
Je suis une maman qui ne compte que sur elle-même. Même si je tente à l’occasion de m’appuyer sur quelqu’un, mon naturel revient au galop. Cela ne fait pas de moi une mauvaise personne, mais donne parfois l’impression que je ne fais pas confiance.
Je suis une maman qui ne compte que sur elle-même. Le quotidien, l’épicerie, l’école, les factures; je gère et je sur-gère au point de me donner le tournis, mais ce réflexe bien ancré est aussi une forme de mécanisme de survie. Parfois je me demande ce qu’il adviendrait si je me laissais aller à déléguer, si je m’autorisais ce lâcher-prise contre-nature chez moi. La réponse est que rapidement, sans doute, j’éprouverais une forme de vide, de panique, de perte de contrôle. Car ne compter que sur soi, c’est finalement s’assurer que tout puisse être fait selon ses propres souhaits et satisfaire ses propres exigences sans craindre la déception.
Je suis une maman qui ne compte que sur elle-même. En tant que maman, je privilégie le développement de l’autonomie, les responsabilités et la prise d’initiative. Mais paradoxalement, quand je vois mon enfant vouloir en assumer plus qu’il ne devrait, je suis blessée parce qu’il me renvoie mes propres comportements tel un miroir et j’aimerais lui murmurer au creux de l’oreille qu’il n’a pas besoin de tout assumer pour prouver qu’il est fort et qu’il peut se laisser aller à faire confiance à quelqu’un d’autre.
C’est tellement mon cas! Au point où je me dis que je pourrais en faire un burn-out… Paraît que ça se soigne mais comme tu dis, on échappe pas à sa nature profonde.
Il faut savoir aussi s’arrêter et se demander ce qu’on retire comme bénéfices à cette manie du contrôle. Je crois que, parfois, on aime tout faire et tout contrôler, car, comme ça, on a l’impression d’être importantes… Ça nous donne de la valeur. Comme femmes, on se définit encore beaucoup (trop) dans nos rôles de mère, de soignante et de soutien quelconque. Il faut vouloir être autre chose que ces rôles pour vouloir déléguer, mais comme on retire beaucoup de notre estime personnelle de ces rôles, c’est pas mal plus complexe qu’il n’y paraît. On arrête de le faire et on se sent inutile. Mais malgré tout, moi, je crois qu’on peut tout à fait échapper à cette « nature profonde », si on s’en donne la peine réellement. Il faut simplement voir les bienfaits d’être autre chose que mère et soutien affectif à toute âme qui vive.