J’aimerais tellement être une maman parfaite pour mes enfants. Madame Blancheville, une pâtissière de haute voltige, la patience incarnée, drôle comme Mary Poppins. Mais les licornes n’existent pas. Le paradoxe, c’est que je dois leur enseigner que personne n’est parfait en me montrant imparfaite pour leur permettre de s’aimer tels qu’ils sont, dans leurs lumières, comme dans leurs ombres. Alors oui, souvent, je leur montre mes limites. Ma mauvaise humeur. Je transgresse la règle de la maman idéale.
J’aimerais tellement pouvoir protéger mes enfants de tous les dangers de la vie. Leur éviter la souffrance des deuils et des ruptures, les soustraire à la confusion des grandes remises en question, leur fabriquer un grand bouclier de lumière. Mais les licornes n’existent pas. Le paradoxe, c’est que souvent, l’adversité permet les plus beaux pèlerinages en soi. Alors oui, je laisse tomber le bouclier et je les expose doucement aux facettes moins éblouissantes de la vie. En ne restant jamais très loin.
J’aimerais tellement m’assurer que la grande jungle de l’existence ne les heurte jamais : pas d’accidents, pas de blessures, pas de dangers. Mais les licornes n’existent pas. Le paradoxe, c’est qu’ils doivent prendre des risques, se tromper, se blesser pour apprendre à reconnaître les dangers, à s’affirmer, à mettre leurs limites, à se protéger. Alors oui, je les mets graduellement en contact avec les dangers de la vie. Je leur donne l’occasion de remplir leur sac à dos pour la grande route qui les attend.
J’aimerais tellement faire en sorte que mes décisions personnelles, amoureuses ou professionnelles ne les dérangent jamais. Qu’ils n’en seront jamais blessés, tristes ou affectés. Ne jamais les décevoir. Mais les licornes n’existent pas. Le paradoxe, c’est que si je m’accorde le droit d’être qui je suis, c’est le plus beau cadeau à leur faire, car je leur enseigne par la bande qu’ils ont le droit d’être qui ils sont. Alors, oui, je continue à apprendre, à me donner le droit d’être moi, tout simplement. Même si, parfois, je dérange. Et je leur permets donc de faire de même.
Petite maman, heureusement, les licornes n’existent pas.
Et les mamans parfaites non plus.
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