À l’aube de mes douze ans, alors que le soleil brillait à son plus haut dans mon existence de petite fille innocente, un terrible nuage est venu assombrir mes jours. Pourquoi aujourd’hui, pourquoi pas hier, ou demain? Finalement, pourquoi pas jamais. Jamais. Jamais. J’aurais voulu que ça n’arrive jamais. Je réalise aujourd’hui, des années plus tard, ma réalité. J’ai été victime d’un viol. J’ai été victime d’un vol. J’ai perdu ce que j’avais de plus précieux. Mon innocence, mon enfance, ma joie de vivre. Je n’en peux plus de souffrir, de donner encore du pouvoir à ceux qui m’ont détruite.
J’aurais aimé qu’à ce moment, on sache quoi me dire. J’aurais aimé qu’à ce moment, on sache quoi faire pour me consoler.
Personne ne l’a fait pour moi.
Car à ce moment, je n’ai pas demandé d’aide.
Car à ce moment, je me croyais responsable et j’ai gardé ce lourd secret à l’abri.
Alors c’est à toi que je m’adresse aujourd’hui, mon enfant intérieur.
Alors c’est à vous que je m’adresse aujourd’hui, femmes dont le ciel s’est aussi assombri alors qu’elles étaient encore petites.
À toi Isabelle, à toi Julie, à toi Nathalie, à toi, petite fleur blessée, n’oublie pas que tu es magnifique.
Quand je te regarde, tu me fais beaucoup penser à moi quand j’avais ton âge. Tu es souriante, innocente, tu es encore une enfant. Mais doucement, de petite chenille rieuse et innocente, tu es devenue un bien joli papillon.
Ceux qui t’aiment l’ont bien vu mais certaines personnes malveillantes ont aussi remarqué ces changements. Ils ont vu tes nouvelles couleurs, cette soudaine envie de prendre ton envol mais tu n’auras jamais eu le temps de le prendre. Tout comme moi, on t’a coupé les ailes juste avant.
Je veux que tu saches que tu n’as rien à te reprocher et que tu n’aurais rien pu y changer. Rien, ma puce. Il était plus grand, plus fort et tu avais sans doute très peur. J’aimerais de tout mon cœur te dire qu’on peut revenir en arrière pour que rien de tout ça ne soit arrivé mais on ne peut rien changer au passé.
Par contre, je peux te dire que je serai là pour toi pour la suite. Je serai là pour te bercer quand tu auras peur. Je serai là pour te consoler lorsque tu pleureras. Je serai là pour te serrer très fort dans mes bras quand tu te réveilleras d’un cauchemar rempli de monstres.
Maintenant, tâche de guérir et s’il te plait, ne grandis pas trop vite. Toi aussi, tu as le droit d’être une enfant.
Miss M.
Je ne savais pas que j’avais été abusé, avant ma première grossesse! Des flash back de mon enfance à rejaillit, et je me demandais ce qui se passait! J’ai 55 ans et ça me hante toujours! Je me suis confiée à ma soeur et mon mari.
Je n’ai jamais été chercher de l’aide, je crois que je vais le faire prochainement. Je ressent toujours après 48 ans la colère et la rage. Mes enfants ne le savent pas!