Pendant toute la grossesse, peu importe ton poids, tout le monde te dit que tu es la créature la plus magnifique que la terre ait portée. Tout de suite après l’accouchement, les gens sont assez indulgents; après tout, tu as tellement souffert! Mais à partir de trois ou quatre mois suivant la naissance de ton bébé, une partie de ton entourage commence à juger ton petit mou de ventre et se met à y aller de ses précieux conseils. Bois plus d’eau. Essaye de manger keto. Prends des marches. Comme si tu marchais jamais, toi qui cours partout.
Malgré tout, tu te mets à te sentir un peu coupable et tu décides de magasiner des cours de remise en forme maman-bébé. Tu constates vite qu’il y en a vraiment pour tous les goûts : rando-poussette, aqua-poussette, escalado-poussette, zumba x-trême poussette et tu n’as aucune idée de quoi choisir.
L’aquaforme te tente, mais comme tu appréhendes déjà le moment de rentrer dans ton legging de maternité avec les jambes encore humides en faisant des grimaces à ton bébé couché par terre en espérant qu’il ne pleure pas, ton choix s’arrête finalement sur le jogging-poussette. Heureuse de ton choix, tu te dis que comme c’est à l’extérieur, ça va faire du bien et ça ne doit pas être si pire que ça non?
Question de commencer tes cours en grand et de te sentir comme une pro, tu décides de t’équiper en vêtements de sport neufs et tu te présentes à ton premier cours avec un peu d’avance après avoir englouti ton smoothie banane-kale.
Pas de chance pour toi, l’instructrice qui donne le cours est une jeune olympienne de vingt ans musclée qui te fait sentir cheap même avec tes nouveaux running shoes fluo. C’est officiellement le genre de fille qui réussit haut la main son messy hair bun chaque matin alors que chaque fois que tu tentes de t’en faire un, tu as l’air dépeignée, les couettes tombent de partout et tu finis avec un timbit de cheveux mous sur le dessus de la tête.
Après vingt minutes d’entraînement, tu te demandes comment ça se fait qu’elle n’a pas de bébé avec elle, elle, et plus le temps passe, plus tu réalises que tu n’aimes pas particulièrement courir dans une pente avec ta poussette, ton toupet mouillé et tes mains moites. Toi, t’aimes ben ça aller te promener dehors et regarder le paysage, mais ça s’arrête là.
La bonne nouvelle, c’est que tu en as parfaitement le droit. Être en santé, bien manger et bouger, c’est important, mais es-tu vraiment obligée de faire quelque chose qui ne te tente pas juste pour retrouver ton « corps d’avant » plus vite ? Et qu’est-ce que ça veut vraiment dire, « ton corps d’avant » ?
On a tous un mononcle Roger qui a une petite bedaine et qui nettoie sa piscine pas de chandail avec sa petite bière de fin de semaine. Est-ce qu’on lui dit, à lui, qu’il devrait retrouver son corps d’avant? Pourquoi les gens auraient le droit te le dire à toi plus qu’à n’importe qui? Pourquoi soudainement, ça serait des affaires de quelqu’un d’autre, ton « corps d’avant » et ton « corps d’aujourd’hui » ?
Ton corps t’appartient et les gens n’ont pas à te dire à quoi il devrait ressembler.
Si ça te tente de bouger, vas-y, c’est parfait. Mais si tu as besoin de repos, prends-le.
Et fais-moi le plaisir de ne jamais laisser les autres influencer l’image que tu as de toi au point de jogger dans une côte à reculons.
Laisser un commentaire