Ma grande fille,
Aujourd’hui, ma grande fille, je ne peux plus te porter. Je t’ai abritée neuf mois durant, te sachant protégée de tout pour finir par te lâcher dans cette jungle qu’est le monde dans lequel on vit.
Aujourd’hui, ma grande fille, je ne peux plus te porter. J’ai passé tant d’années à te souhaiter autonome, à t’espérer débrouillarde et maintenant, je te regarde, trop grande, trop vite, et je voudrais te prendre dans mes bras à nouveau.
Aujourd’hui, ma grande fille, je ne peux plus te porter alors que j’aimerais tant t’offrir cette légèreté, cette sécurité pour faire en sorte que tu ne ressentes jamais à quel point la vie peut peser lourd sur tes épaules de petite fille.
Aujourd’hui, ma grande fille, je ne peux plus te porter. Tu es grande maintenant, tellement grande; tu dépasses le pouvoir de mes étreintes. Il me faudrait huit bras et une grande force afin que tu ne touches plus le sol. Même pour un temps, aussi bref soit-il.
Aujourd’hui ma grande fille, je ne peux plus te porter. Alors désormais je vais m’affairer à élever ton âme, ton esprit et ton cœur afin qu’ils touchent le ciel et n’en redescendent plus.
Aujourd’hui, ma grande fille, je ne peux plus te porter mais à défaut de pouvoir te soulever de terre, je te fais le serment de te porter encore, dans mon coeur, jusqu’à mon dernier souffle.
Vous m’avez terriblement émue… J’espère être un jour capable d’écrire d’aussi belles choses à mon fils.