Tu les entends les commentaires, les jugements. Ils te condamnent sans connaître les raisons, ton histoire et ton vécu.
Pour dire vrai, tu n’es peut-être même plus certaine de comment tout ça a commencé. N’empêche que maintenant, tu tournes en boucle dans cette roue infernale qui t’entraîne dans sa course et tu peines à en sortir.
Ce n’est sûrement pas faute d’essayer, mais malgré les côtés que tu détestes de ta dépendance, le réconfort, la satisfaction, le terrain connu, l’échappatoire, la punition et la récompense te retiennent. Une multitude de facteurs beaucoup trop complexes pour que tu puisses croire qu’arrêter est une solution facile.
Je te vois, je sais que parfois, tu es découragée; tu ne sais pas par où commencer et tu es tannée de toujours tomber dans ton propre panneau. Le panneau de l’attrait de ta dépendance.
Je te vois aussi quand tu réussis à passer à travers une journée, une semaine, un mois sans flancher. Chaque jour sans céder, c’est une petite réussite. Je comprends aussi ta honte quand tu retombes dans tes mauvaises habitudes. Le problème avec la dépendance, c’est qu’elle devient une partie de toi et quand ça fait assez longtemps qu’elle fait partie de ta vie, ça devient difficile de savoir qui tu serais sans elle.
Tu sais qu’il y a les lignes d’urgence, des proches, de l’aide extérieure, mais plein de raisons t’empêchent de demander de l’aide. La honte mais aussi la crainte d’être jugée, incomprise, méprisée.
Si ça se trouve, ta dépendance, c’est le secret de ta vie. Un secret de polichinelle, peut-être, mais quand même.
Aujourd’hui, j’ai envie de te dire d’en parler. Oui, c’est difficile et tu vas possiblement regretter par moment car ça fait plus mal de retomber quand des yeux te regardent. Mais fais-moi confiance, et soulage-toi du poids que tu portes sur tes épaules. Les gens auront peut-être la prétention de croire qu’ils te comprennent alors qu’ils ne comprendront fort probablement pas, mais au moins tu ne seras pas seule.
Tu n’es pas seule et tu es une bonne personne, même si tu dois dealer avec tes démons.
Alors la prochaine fois que tu te pencheras au-dessus du bol de toilette pour rendre ton souper, que tu lèveras ton verre d’alcool pour rendre la journée moins lourde, que tu aspireras la boucane de ta cigarette pour te vider la tête ou que tu t’apprêteras à insérer un billet de vingt dollars dans une machine de Loto-Québec, imagine ma main sur ton épaule.
Tu peux cesser, tu peux y arriver.
Savoure chaque victoire, prends ton temps et choisis-toi.
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