Mes filles,
Au début, vous n’étiez qu’un. Et, par miracle, vous êtes devenues deux. Vous étiez mes petits parasites et moi, votre hôte. Votre premier battement de cœur a tambouriné dans votre poitrine en même temps, déjà en harmonie. Vous avez tout de suite senti la présence l’une de l’autre. Vous partagez l’expérience de grandir ensemble depuis votre conception. Vous avez vu la lumière le même jour, à la même heure. Vos regards se sont croisés peu de temps après, mais vous n’avez jamais eu besoin que de la chaleur et du souffle de l’autre pour vous réconforter. Vos besoins affectifs sont-ils déjà comblés par votre reflet? Avez-vous besoin de moi? Votre lien est-il autant et même plus fort que celui qui m’unit à vous?
Mes jumelles, je jalouse votre proximité. J’essaie tant bien que mal de m’insérer dans votre duo fusionnel, moi, l’intruse dans votre cocon qui vibre au même diapason. Me laisserez-vous entrer dans votre univers? Tenterez-vous de m’expliquer votre symbiose? Est-ce que des ciseaux peuvent vraiment couper le cordon qui vous lie depuis que vous existez? Trop de questions et vous seules pouvez y répondre. Peut-être ne réussirez-vous pas à m’éclairer sur l’ampleur de votre relation. Peut-être même que vous ne souhaiterez pas partager votre plus grand secret.
Mes enfants, je vous aime différemment, mais tout autant. Je ne peux que m’émouvoir devant votre intraduisible et précieuse complicité. Avez-vous encore besoin de moi? Vous avez partagé mon corps, vous m’avez utilisée pendant neuf mois. Suis-je encore le vecteur de votre vie? J’aimerais beaucoup le croire et ne jamais être dans l’ombre de votre relation. Je veux rester celle qui sera toujours là pour vous.
Mais, mes bébés, devant le magnétisme qui vous attire l’une vers l’autre, je vois bien que mon rôle pâlit. J’ai peur et vous envie.
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