Ce soir, j’ai sorti mon vieux pyjama de maternité. Celui qui m’a été donné le premier jour où je suis devenue une maman et qui dormait dans le fond d’un tiroir depuis bien longtemps. Après toutes les montées de lait, les changements de couches, les levers mille et une fois la nuit, les coliques, les vomis et les pleurs de mes petits et les miens, il n’est plus très frais aujourd’hui.
J’en ai passé des journées habillée en mou à nourrir, bercer, cajoler, moucher et consoler. Ma garde-robe se limitait à des rechanges de sous-vêtements et ce pyjama; j’étais en fusion et en éternelle communion avec lui à un point tel que je ne remarquais même plus les regards fuyants des gens au supermarché quand je daignais sortir. Mais est venu un temps où la vie a repris doucement son cours et l’amour que je lui vouais s’est transformé en haine; je ne pouvais plus le voir et encore moins le sentir. J’avais retrouvé mes jeans, mes robes et mes talons et j’ai caché ce vieux chiffon hideux bien loin.
Mais ce soir, dans la pénombre de ma chambre, je l’ai enfilé, lui et tout ce qu’il représente.
Ce pyjama représente le moment de grâce où j’ai donné la vie et où j’ai su m’abandonner au vrai don de soi.
Ce pyjama représente cet instant où j’ai pu arrêter le temps pendant quelques semaines, quelques mois, puisqu’il n’y avait rien de plus important que l’être cher qui venait d’arriver dans ma vie.
C’est la mère que je suis.
C’est l’amour que j’ai pour mes enfants.
Ce sont toutes mes heures de sommeil en moins pour leur bonheur et leur bien-être.
C’est la chance que j’ai de les avoir portés et de les voir grandir.
Même si ce soir, je suis aussi flétrie et usée que lui, en me voyant le porter, mes enfants m’ont perçue comme la huitième merveille de leur monde et je n’ai pu que les croire lorsqu’ils m’ont regardée et m’ont dit que j’étais si belle dans mon beau pyjama neuf.
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