mother with baby

Je ne serai plus jamais à nouveau maman

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Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Il n’y aura plus jamais de petits êtres à porter ni de coups de pied qui viennent d’en dedans.  Il n’y aura plus jamais de petit cœur qui bat trop vite à écouter pour la première fois en pleurant ni d’échographie pour confirmer que quelqu’un grandit bien de l’intérieur.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Je ne caresserai plus jamais mon ventre avec la même douceur qu’on caresse les cheveux d’un enfant. Je ne bercerai plus jamais mon corps en chantant comme on berce un nouveau-né pour l’endormir.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Je ne m’imaginerai plus jamais le petit visage, ni la voix, ni la vie de celui qui vit dans mon ventre. Je n’espérerai plus jamais qu’il soit en santé, qu’il ait dix doigts et qu’il me ressemble un peu.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Il n’y aura plus jamais de poussette trop chère à acheter ni de coquille trop lourde à porter. Il n’y aura plus jamais de pyjamas à pattes à boutonner ni de cache-couches trois mois, si petits qu’on peine à croire qu’un enfant puisse les porter, à enfiler.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Il n’y aura plus jamais de nuits blanches, blottie contre le petit corps chaud du plus beau bébé du monde. Plus de matins voilés par la fatigue et l’amour qui valsent jusqu’à midi. Plus de petites mains dans mes cheveux. Plus jamais d’endroit qui sent bon la vie qui vient de naître où blottir mon cou.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Je n’entendrai plus jamais de premiers mots et je ne verrai plus jamais de premiers pas. Je ne préparerai plus de purées de carottes ni de gâteau d’anniversaire pour mieux chanter bonne fête à un enfant qui l’entendra pour la première fois, les yeux ronds et le sourire rieur.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Je ne cueillerai plus jamais un bébé dans son lit qui n’attend que moi au matin. Je ne raconterai plus jamais d’histoires pour endormir. Je ne chanterai plus jamais de chansons pour apaiser.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Je n’en suis pas moins reconnaissante d’avoir eu la chance de donner la vie et j’en savoure chaque moment, mais lorsque les enfants dorment à poings fermés, je tricote tous ces moments que je ne revivrai jamais et qui m’échappent pour me sentir moins vide.

Je ne serai plus jamais à nouveau maman.

Et je vis ce deuil comme on vit une petite mort. Bouchée par bouchée sans véritablement voir le fond de l’assiette. À petit feu. Dans l’espoir inavoué de voir la lumière s’allumer une dernière fois sur le porche de cette vie de nouvelle maman qui ne m’appartient plus.

Crédit : Halfpoint/Shutterstock.com

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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9 Comments

  • J’ai passé par ce deuil-là il y a plusieurs années. Ma plus jeune à 18 maintenant. En même temps je regarde les gens et mes amies devenir grand-parents. C’est une nouvelle étape dans leur vie et plusieurs redeviennent « gaga ».
    Le deuil ne dure pas une vie entière.
    Tu verras ça arrive vite 😉

  • eh oui , apres 4 grossesses ( catastrophiques) 2 dossiers adoptions ( qui se sont éternisés ,) ici c’est un peu cette musique depuis la naissance de ma fille ..3 ans que je me dit que je ne serai plus jamais maman . Une petite mort , oui , un deuil qui ne se fait pas malgré des séances chez une psy…un petit quelque chose en moi qui a ce besoin de sentir ce quelque chose de si doux…J’ai tellement adoré ce petit souffle de vie dans mon cou, apres chaque naissance… Il n’y aura plus de tout petit a bercer… et moi je ne m’y fait pas

  • Bonjour, je comprends ce sentiment car je le vis depuis 10 ans, naissance de ma dernière après laquelle je suis devenue ménopausée sans passer par la case pré-ménopause car pour ma fille nous avons fait une fiv avec test pré implantatoire pour ne pas qu’elle est la mucoviscidose comme son frère. Pour moi, cela a été très difficile de me dire plus jamais de petits petons tapant à l’intérieur de moi, ni de naissance toujours épique (pour mes trois d’ailleurs), ni ce souffle et ce baiser au moment d’accueillir ce tout petit d’homme. Pour moi cela s’est apparenté à une petite mort. Plus jamais !
    Ton texte magnifique m’a beaucoup touché car tu as su mettre en mots ce que je ressens au plus profond de moi depuis 10 ans ! Puis je me suis vue me traiter d’égoïste car par 3 fois j’ai pu ressentir tout cela, je me dis que de nombreuses femmes se battent au quotidien ne serait-ce que pour vivre une fois ce bonheur, alors je souhaite de tout mon cœur que ces femmes puissent à leur tour connaître le bonheur d’accueillir la vie !!! Merci beaucoup ? pour ce si beau texte ???❤️

  • Tellement beau et tellement vrai….
    Je vis actuellement ce deuil(découverte d’une maladie de cœur qui me fait renoncer à une deuxième grossesse) …. Le mot peut être fort mais c’est réellement ce que l’on vit…. .
    Merci pour ces belles phrases.

  • Très belle plume. Le choix des mots est sublime. La cadence des souvenirs que ce texte évoque est parfait. Le caroussel des images vécues qui me passe dans la tête en lisant ce texte est magnifique et a bien sûr su me tirer une douce larme de bonheur. J’en avais grandement besoin. Merci!

  • Très beau texte. J’ai accouché de ma’ deuxième il y a maintenant 2 mois. Grossesse très compliquée psychologiquement. Nous voulions 2 enfants ne ćetait pas dernière grossesse et y j’en ai pas profité… aujourd’hui je suis dégoûté de n’en pas avoir profité pleinement de cette grossesse et l’an fille grandit tellement vite. C’est dur. Ce texte me touche beaucoup. …

  • Votre texte est si triste que les larmes me sont venues … et les souvenirs sont remontés à la surface … mais heureusement je suis maman et j’ai eu cette immense chance : ce petit miracle que je n’attendais plus est enfin arrivé … alors oui je l’avoue chaque étape est un nouveau deuil … bébé emmitouflé contre moi dans son porte-bébé, bébé qui ne parle pas, ne marche pas puis soudain tout se met en place doucement … et dans 2 semaines c’est la rentrée à la maternelle … fini le petit cocon douillet : mon petit n’est plus un bébé mais un petit garçon : là vie de grand qui commence – ohhhh oui comme cela est difficile parfois de les voir si vite grandir … et se dire que c’est la dernière fois … et je vais surement être + émue que lui le premier jour à la grande Ecole : je vais le voir s’eloigner, vivre de nouvelles aventures … et me dire aussi que je suis là plus heureuse des mamans de le voir heureux et si épanoui …

  • Bonjour, les mots sont bien choisis et décrivent bien les sentiments que l’on ressent. Je voulais deux enfants mais l’arrivée du premier à été un choc pour nous. L’accouchement et le post partum ont été vraiment difficiles et l’idée d’avoir un deuxième ne nous anime plus même si au fond de moi j’aimerais bien un deuxième. Mais je ne pourrai pas le faire si je n’ai pas assez de soutien.

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