C’était une journée comme toutes les autres. Mais pendant une fraction de seconde, j’ai détourné le regard alors que tu t’amusais dehors et tu t’es élancée de toutes tes petites forces vers les voitures qui s’en venaient à vive allure.
Mon cœur s’est arrêté.
J’ai couru vers toi alors que tu atteignais la rue qui n’était plus qu’à quelques mètres. J’ai entendu un cri. Je ne sais pas si c’était le mien.
Je me suis jetée sur toi à plat ventre comme on s’élance au volley-ball pour attraper une passe trop courte. J’ai agrippé ton capuchon de manteau au moment même où une voiture allait te percuter. Je t’ai tirée très fort vers moi, de toutes mes forces, je t’ai plaquée au sol et j’ai roulé sur toi pour que la voiture me frappe en premier.
Puis… rien.
La voiture a réussi à freiner juste à temps pour qu’il ne nous arrive rien.
Je me suis relevée, j’ai pris une grande respiration, je t’ai serrée dans mes bras et tu t’es mise à te débattre, en colère contre moi parce que je t’avais jetée par terre. Tu ne comprenais pas que je l’avais fait pour te sauver la vie.
J’ai toujours pensé que ce genre de choses-là n’arrivent qu’aux autres mais la vérité, c’est que les moments difficiles que traversent trop de parents après la perte d’un enfant ont bien failli devenir mon quotidien. Jusqu’à cette fois où j’ai failli te perdre, j’étais de ces parents qui savent qu’ils ont de la chance, mais qui ne réalisent pas vraiment cette chance. Aujourd’hui, mon bébé, je mesure ma chance parce que ton beau sourire et tes grands yeux bleus ont bien failli appartenir au passé et je ne sais pas si j’y aurais survécu.
Je t’aime et sache que même si j’ai bien compris que la vie ne tient qu’à un fil et qu’elle peut basculer à tout instant, je n’hésiterai jamais à donner ma vie pour sauver la tienne.
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