À toi, le deuxième enfant que je n’aurai pas,
Mon accouchement a été difficile et les complications qui s’en sont suivies ont changé ma perception. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, le fait de penser revivre tout ça me glace le sang.
À cette peur, s’ajoute l’appréhension de devoir revivre les premiers mois. Ces premiers mois tellement difficiles de nuits blanches, de coliques et de pleurs incompréhensibles. Ces semaines de cheveux gras, de kilos en trop, de cernes profonds, d’estime dans les talons, de petite bedaine molle et de café froid. Ces premiers mois où l’on doit apprendre à se connaître, se découvrir et s’apprivoiser.
À cette appréhension s’ajoute l’anticipation de devoir apprendre à partager mon amour, mon temps et mon énergie entre toi, ta grande soeur et le reste de ma vie. Alors que j’ai enfin l’impression de recommencer à trouver un semblant d’équilibre entre la femme, la blonde et la mère que je suis, je ne pense pas que je serais prête à le sacrifier.
Mais malgré tout ce que je sais et ce que je ressens, je ne suis pas en paix parce que mon idéal et mes certitudes s’effondrent.
Je ne suis pas en paix parce que tu ne seras pas là pour veiller sur ta sœur, tu ne pourras pas la consoler, la défendre et la protéger. Tu ne pourras pas non plus jouer avec elle. Le sous-sol sera vide. Je ne vous entendrai pas vous chamailler, rire ou vous disputer.
Je ne suis pas en paix parce que je suis triste de savoir qu’il se pourrait qu’elle grandisse seule. Que s’il nous arrive quelque chose, tu ne seras pas là pour la soutenir.
Et si elle devenait un enfant trop gâté, incapable de partager?
Je ne suis pas en paix parce que je suis terrorisée à l’idée que toutes les premières fois soient peut-être les dernières. Le temps passe trop vite et je deviens déjà nostalgique de ces premiers instants.
Non, je ne suis pas en paix et bon nombre de gens me font régulièrement douter en me demandant quand est-ce qu’on va en faire un autre. Mais malgré mes doutes et mes incertitudes, je dois me pardonner et accepter que j’ai changé parce que la vie n’est pas une longue ligne droite toute tracée d’avance.
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