Ce soir, toi pis moi, mon anxiété, on se date encore. On commence à se connaître pas mal après toutes ces années, hen?
T’es fidèle au poste depuis longtemps. Dès que j’entre dans ma maison vide en finissant de travailler, tu m’accueilles et m’enveloppes de ce sentiment étouffant, mais tellement familier qu’il en est presque sécurisant. Je te fuis, j’essaie de rentrer plus tard du travail, je m’étourdis avec mille projets et sorties, mais t’es pas niaiseuse, tu sais comment finir par me trouver. Tu me rattrapes la nuit quand je ne peux plus me sauver de toi. C’est là que tu fais le plus de ravages, peut-être un peu parce que je te laisse les faire, faute de moyens ou de techniques pour t’en empêcher.
T’es ma relation la plus sérieuse, t’es foutrement fidèle, tenace, ponctuelle et tu m’accompagnes dans chaque épreuve de ma vie. Tu prends tellement de la place que j’ai de la misère à trouver la mienne. T’es toujours là, à me murmurer les pires scénarios possibles. Dès qu’un bonheur se pointe le nez et veut te chasser, tu t’empresses de me crier que ça ne durera pas, que je vais sûrement souffrir, et moi, je te crois. C’est sûr, t’as toujours crié plus fort que l’autre voix, celle qui me pousse à foncer et à faire confiance en la vie. On va se dire les vraies affaires, les gens maganés par la vie ont la voix de l’espoir un peu rauque pis des fois, ça se transforme en extinction qui dure trop longtemps.
Mais la vie est bien faite, car malgré toi, malgré le reste, elle, elle me répète que je suis forte, que je mérite la paix et l’amour. Elle m’aide à arrêter nos rendez-vous quotidiens et à me passer de toi.
T’es vraiment tenace, ma fidèle compagne, mais je suis plus tenace que toi. Parce que je m’accroche aux moments de calme où je t’ignore et sais-tu quoi? J’y prends goût.
Ça fait qu’aujourd’hui, je te présente ma prochaine date : moi-même. C’est l’amour de ma vie et elle m’aime tellement fort qu’elle ne s’en laissera pas imposer.
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