Cher toi qui te reconnaîtras,
Aujourd’hui, je prends mon courage à deux mains pour t’écrire. Je sais, si j’étais vraiment courageuse, je te le dirais en pleine face, ce que je pense. En fait, c’est pas faute d’avoir essayé, à bien y penser. Chaque fois, soit tu me coupes la parole ou ne me laisses pas aller au bout de ma pensée. Souvent. Parfois, tu oses faire un commentaire ou une de tes fameuses “suggestions » tellement inappropriées que j’en perds tous mes mots, tous mes moyens.
Toi, qui critiques tous mes faits et gestes, mais qui n’as pas encore d’enfants, tu me fais bien rire. Quand tu dis que mes enfants sont “pas du monde” et que tu pourrais les “redresser”, ça me met hors de moi. Sache que travailler avec des enfants, en voir de temps en temps, les héberger quelques heures ou même quelques jours – ça n’a rien à voir avec le fait d’être parent. Quand ton coeur, tes tripes et toute ton âme sont liés vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la chair de ta chair, c’est tout un autre monde. Tant que tu n’auras pas enfanté, s’il vous plaît, retiens-toi. Pour l’instant, tu ravives mon sentiment d’incompétence et je n’ai vraiment pas besoin de ça. Laisse-moi donc vivre ma maternité comme je l’entends, car sous mon toit tout le monde est heureux.
Toi, avec qui je suis liée par le sang, mais pas par la tête, nos pensées sont divergentes et c’est parfait comme ça. Tu fais partie de ma famille, je t’aime de tout mon coeur, mais j’en ai marre d’entendre la même rengaine. Que ce soit sur la propreté, les transitions, l’allaitement, la nutritions pis ses mottons (mettons), la sacro-sainte discipline, la liste est longue. Sache que les enfants sont tous différents. Et on a beau tenter de les « programmer » pour faire telle ou telle patente, nos chérubins ne sont pas des robots et ils prennent un malin plaisir (involontaire?) à nous faire passer pour incompétents plusieurs fois par semaine. Malgré tous nos efforts. Même si nous sommes les meilleurs parents du monde. Je t’en prie, laisse-moi vivre ma maternité comme je l’entends, car sous mon toit tout le monde est heureux.
Toi, que je connais à peine et qui imposes tes valeurs et tes idées à ceux qui me sont chers, tu dépasses largement les bornes. Tu es peut-être déjà passé par là, tu as peut-être marché des milles, mais tu n’es pas dans mes souliers. Les beaux principes, les « il paraît que » et les définitions du Mieux-Vivre, c’est vraiment vendeur. Mais moi, j’achète pas. Les normes ne sont pas toutes suivies à la lettre, car tu sais quoi ? Les bébés ne lisent pas le Mieux-Vivre, mon métabolisme de femme enceinte diffère de celui de la voisine et mes valeurs ne correspondent pas toujours aux tiennes. De la même façon que je ne vais pas imposer mes façons de faire aux tiens, garde-donc tes conseils pour toi et laisse-moi vivre ma maternité comme je l’entends; sous mon toit, tout le monde est heureux et c’est tout ce qui compte.
Aujourd’hui, j’ai décidé de me foutre de ce que tu penses et j’ai choisi de ne pas me taire en espérant que le fond de ma pensée fasse un petit bout de chemin vers ton coeur. Je suis probablement naïve de croire que notre relation changera, mais j’aime ça, moi, croire aux contes de fées pis aux licornes.
Je suis consciente que je ne suis pas une mère parfaite au même titre que tu ne l’es pas non plus, mais celle que je suis me convient parfaitement.
Merci de me respecter.
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