ATTENTION : ce texte reflète l’opinion de son auteure et non l’opinion de la plateforme de La Parfaite Maman Cinglante dont le but n’est pas de prendre position mais d’offrir une tribune à toutes les mamans souhaitant faire part de leur vision de la maternité ainsi que de leur expérience personnelle. Par ailleurs, si vous souhaitez écrire un texte en réponse à ce billet, notez que vous pouvez le faire en tout temps et le faire parvenir à [email protected].
Papa, je t’en veux; ils sont où les hommes comme toi?
Oh oui, je t’en veux papa, je t’en veux de nous avoir élevées comme tu l’as fait, avec les valeurs que tu nous as transmises et le modèle masculin que tu as été, et sais-tu pourquoi? Parce qu’il n’y en a plus, des hommes comme tu l’as été.
Trop d’hommes de ma génération, entre deux parties interminables de Playstation, nous regardent avec un air de chevreuil effrayé lorsqu’on leur demande de changer une ampoule ou une couche, c’est selon. Ta génération a promu la fierté de bâtir une famille, d’avoir une belle maison propre et bien entretenue; maman t’offrait des outils que je ne saurais pas encore identifier pour Noël, et toi, tu jubilais à l’idée d’enfiler ta vieille chemise de chasse doublée le samedi après-midi pour aller essayer ton nouveau rabot sur les 2×4 des rénovations en cours.
Pourquoi papa, m’as-tu dis que la famille passait avant tout? Que la famille est ce qu’il y a de plus important, qu’on se tient, qu’on se défend? Mon ex n’était même pas capable de prendre une heure par semaine de son précieux temps pour aller voir notre fille à ses cours de ballet, encore moins de prendre le relais avec les enfants quand j’avais une charmante gastro et que même me mouvoir jusqu’à la salle de bain était digne d’une épreuve de Fort Boyard.
Tu était fier d’avoir une femme belle comme maman, qui se poupounait même dans ses journées de congé. Tu lui faisais des toasts et un café que tu lui glissais en douce pendant qu’elle coiffait ses cheveux permanentés ou retouchait son cutex rouge pétant les matins pressés de semaine. Pas besoin de faux seins à cette époque, le look Barbra Streisand était la norme.
Tu lui écrivais des poèmes dans ses cartes de fête à chaque année, le fais-tu encore après quarante-cinq ans de mariage? Gros bourru au coeur tendre. On riait de toi quand on était adolescentes, ma soeur et moi, mais maudit qu’on serait contentes maintenant de recevoir même un petit mot écrit sur le dos d’une facture de notre amoureux. L’an dernier, j’ai reçu un déshabillé pour Noël et ma soeur des billets pour aller voir le Canadien. Elle qui pensait que Carey Price était un chanteur country. On était CON-TENT-TES.
On vivait dans un petit quartier très ordinaire dans les années 80, notre bungalow était pareil à celui de tous les voisins de la rue. Il était moche, il datait de l’année de l’ouverture de l’aéroport de Mirabel, tout était brun-kaki-orange-jaune-ou-autre-couleur-étrange-ou-indéfinie. Je me souviens de toi qui te commandais tes livres imagés sur comment réparer le robinet qui fuit, de ton linge laid de rénovation qui traînait sur l’établi.
Les hommes de ma génération, ils ont un dude qui leur montre comment changer une chasse d’eau de toilette sur Youtube et ils font venir un plombier à cent quarante piastres de l’heure, parce que c’est pas leur problème cette maison-là. Ils n’en voulaient pas eux, ils voulaient un condo, c’est nous, les femmes qui veulent fonder une famille qui veulent une maison.
C’est pour ça que je t’en veux papa. Il est où, cet homme qui me fera des toasts un peu brûlés et qui posera enfin le cadre qui traîne dans le salon que j’ai reçu pour Noël en 2016?
Probablement pas devant son X-Box à faire exploser des zombies en tout cas.
Allo 🙂 J’ai seulement remarqué une petite coquille dans le texte: « Ils n’en voulaient pas eux, ils voulaient un condo, c’est nous, les femmes qui veulent fonder une famille qui veulent une maison. »
Il faudrait plutôt que ce soit: « …c’est nous, les femmes, qui voulons fonder une famille, qui voulons une maison. »
Bonne journée! 🙂