depressed mother

Je suis une maman sans fibre maternelle

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Je suis une maman sans fibre maternelle et l’admettre est sans aucun doute, le plus difficile à faire.

Parce qu’une maman, une vraie, ça ne se sent pas comme je me sens. Ça n’étouffe pas à la simple pensée de passer du temps avec sa marmaille. Ça n’angoisse pas de penser à la routine. Ça ne se tape pas des crises d’anxiété simplement parce ses enfants sont là, à la réclamer, trop, trop fort, trop souvent.

Une maman devrait se sentir vide lorsqu’elle se retrouve loin de ses enfants. Une maman ne devrait pas avoir besoin de s’en éloigner pour reprendre pied. Ils devraient représenter, à eux seuls, son équilibre.

Une maman ne devrait pas attendre avec impatience ses heures au bureau ou le sommeil de ses petits. Elle devrait apprécier chaque minute de chaque heure passée avec ses rejetons. Une maman ne devrait pas avoir besoin d’être seule, dans le silence pendant de nombreuses heures. Une maman devrait rechercher la présence de ses enfants, encore et toujours.

Et que l’on se comprenne bien. Je les aime. D’un amour viscéral. Je les aime, à me sacrifier tout entière pour eux. Je n’ai pas de post-partum non traité ou non diagnostiqué. Je vais bien. Dans ma vie de tous les jours. Je suis heureuse. Mais je n’ai pas ce besoin constant d’être auprès d’eux et de savoir ce qu’ils font.

Et si vous me croisiez sur le trottoir, au parc, au centre d’achats avec mes enfants, jamais vous ne suspecteriez que je suis cette maman qui étouffe en leur présence. Qui stresse trop. Qui manque d’air. Jamais vous ne croiriez que j’ai peine à trouver ma place dans ce rôle de maman. Parce que j’ai appris à feindre. Pour eux. Pour ne pas qu’ils paient de cette lourdeur qui s’empare de moi, trop souvent, quand vient le temps d’assumer ce qui vient avec mes plus belles réussites.

Je suis cette maman qui surcharge d’activités l’horaire de fin de semaine parce qu’elle trouve cela moins difficile d’emmener sa marmaille dans des centres de divertissement que de se sentir obligée de jouer aux camions ou à la poupée avec eux. Je suis cette maman, jalouse de ses amies, qui se plaisent à se faire maquiller par leurs puces de trois ans. Je suis cette maman qui se sent définitivement à côté de la track, toujours.

Je suis cette maman qui est consciente qu’admettre tout ça ne se dit pas… mais qui, au fond d’elle, espère ne pas être la seule. Je suis cette maman qui n’a pas besoin de jugements supplémentaires… je m’en occupe très bien, seule.

Je suis cette maman, qui malgré les efforts surhumains que ça lui demande, fait de son mieux chaque jour de sa vie pour offrir à ses enfants un environnement débordant d’amour et de tendresse. Je suis cette maman qui s’assure de créer des souvenirs magnifiques pour ses rejetons parce qu’elle en connaît l’importance. Je suis cette maman qui ne s’épanouit pas autant qu’elle le voudrait dans le rôle de sa vie, mais qui chaque jour, fait de son mieux.

Je suis cette maman qui pleure le soir dans son lit parce qu’elle se sent poche, parce qu’elle se déçoit elle-même de réaliser que pour elle, tout ça ne vient pas naturellement.

Crédit : New Africa/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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4 Comments

  • Ça, c’est littéralement moi. Je ne me sens pas comblée dans mon rôle de mère , je ne me valorise pas à être mère et je ne m’epanouie pas ainsi , mais j’aime ma fille comme ce n’est pas possible !

    Je crois que c’est surtout l’Église qui a trop valoriser le rôle de la mère. La société en a fait sa norme et depuis , toutes celles qui ne sont pas parfaitement heureuse d’avoir des enfants à leur charge sont anormales… Mais ce ne peut pas être fait pour toutes , d’être maman, et on ne peut pas toujours le savoir avant.

  • Je sais que vous n’êtes pas seule. Je pense toutefois que la situation que vous décrivez n’est pas réellement liée au fait d’être maternelle ou pas. Elle vient de la perception que nous avons de ce que doit être la maternité. J’en ai souffert longtemps parce que comme vous je ne me sentais pas à la hauteur. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que j’étais beaucoup mieux avec eux si j’avais pris du temps pour moi, si je comprenais qu’ils pouvaient jouer seuls et que je pouvais leur amener autre chose que de jouer à la poupée. J’ai aussi compris que j’avais le droit de trouver ça lourd et que même si je les aimais par-dessus tout il se pouvait qu’ils rentrent en contradiction avec mes projets personnels ou professionnels et que c’était cela qui créait la tension. Je m’accorde aujourd’hui plus de temps pour ces projets dans un équilibre qui nous convient à tous et je m’octroie le droit de penser cela et même parfois de le partager. Merci pour ce beau texte il constitue un beau pas vers l’apaisement et permet aux femmes comme vous de ne pas se sentir seule.

  • Enfin quelqu’un qui met des mots sur ce que je ressens. ? Je donne mon 110% comme maman, et pourtant je ne me sens jamais à la hauteur. Je rêve d’avoir une « pause » de mon bébé, et pourtant je l’aime à l’infini. Je rêve de retourner travailler, parce que le congé de maternité pour moi n’en ai pas un!
    J’ai honte de ressentir le besoin d’être seule et de relaxer en silence. Mon petit a besoin de moi, et je n’y éprouve pas tant de fun que ça à être son « esclave ».
    Mais, je l’aime plus que tout, ça c’est certain.

  • Bonjour,
    Et merci pour cette belle confession, je viens d’etre Mère, a 37 ans. Et comme vous je me donne à 100% avec mon bébé, que j’aime à l’infi Et passionnément. Mais comme vous ce n’est pas le rôle de ma vie, je ne suis pas épanouie plus que cela, et j’ai que mon congés de maternité passe vite pour reprendre mon travail. Mon conjoint me dit parfois que je ne suis pas une mère parce que je veux des moments à moi tranquille, j’aime être seule, ni conjoint, ni enfant pendant des heures, et pourtant après quelques heures ils me manquent. La vérité c’est que de me retrouver seule me permet de recharger mes batteries.
    Mais il est vrai que la société nous fait culpabiliser de notre façon de penser et d’etre. Finalement et le principal c’est que je sache qui je suis et que j’ecoute Simplement ce qui me fait du bien…

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