J’arrive de loin. D’aussi loin que je me souvienne, la consommation et l’abus de substances ont toujours fait partie de ma vie. Mes parents consommaient et mes amis aussi. C’était tout naturel que je m’y mette. Juste pour le fun. Juste socialement. Juste pour être cool. Juste un soir. Puis un autre. Et un autre encore.
J’arrive de loin. Je pensais que je contrôlais ma consommation, que j’avais le dessus et que je choisissais quand j’avais envie d’un petit joint, d’un petit fixe, juste d’un petit dernier. Je pensais que je contrôlais ma vie jusqu’à temps que la drogue prenne le contrôle et que je sois esclave de mon cerveau et de mon corps qui en voulaient toujours un peu plus.
J’arrive de loin. J’ai eu des hauts aussi hauts que mes bas ont été bas. J’ai perdu des amis. J’ai passé des nuits blanches. J’ai travaillé dans l’unique but de me payer ma consommation. J’ai fréquenté des gens qu’on ne présente pas à ses parents. J’ai perdu la confiance et le respect des gens qui m’entouraient mais surtout, surtout, j’ai perdu le peu d’estime que j’avais de moi.
J’arrive de loin. Un jour, j’ai fait le choix de me payer une cure de désintoxication au lieu de me payer ma consommation. Parce que j’étais tannée et malheureuse. Parce que j’avais envie de plus. Et surtout, parce que ce jour-là, j’ai choisi la personne la plus importante dans ma vie : moi.
J’arrive de loin. J’ai terminé ma cure et armée de nouveaux outils dans ma boîte, je m’en suis allée pour apprendre à vivre à nouveau, reconnecter avec la réalité et devenir une version améliorée de la personne que j’ai été. La route de la sobriété s’emprunte souvent avec beaucoup d’appréhension. Je vais être honnête avec toi, j’ai rencontré des nids-de-poule et j’ai chuté quelques fois, mais rien n’a été aussi encourageant pour moi que de réaliser que j’étais beaucoup mieux quand j’étais lucide, que j’appréciais beaucoup plus les lendemains matin alors que j’étais en forme et productive à ceux où j’étais l’ombre de moi-même.
J’arrive de loin. Sur mon chemin, j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui comprend mon cheminement, qui accepte mon passé et qui a envie d’un avenir avec moi. On avance ensemble depuis maintenant plusieurs années et on se supporte mutuellement dans nos difficultés. On est une équipe qui en a vu d’autres, on a surmonté des défis comme peu en ont rencontrés et plusieurs années plus tard, nous voilà heureux, sobres et parents de beaux enfants intelligents qui nous comblent de fierté.
J’arrive de loin. Avec mes bagages de vie remplie de beaux et de moins beaux souvenirs. Avec mes expériences et expérimentations qui m’en auront appris beaucoup sur moi et sur la personne que je souhaite être. Avec le défi quotidien qu’est celui d’être une ex-toxicomane.
J’arrive de loin. Le chemin de la guérison est rempli de nids-de-poule et il n’est pas toujours beau, ni facile. Il faut bien du courage pour faire face à nos problèmes et décider de se reconstruire et il faut aussi du temps et de la patience.
J’arrive de loin, mais j’irai encore plus loin, droit en avant. À toi, la maman toxicomane, n’hésite pas et choisis-toi. Va chercher de l’aide. Entoure-toi de bonnes personnes. Trouve des ressources. On ne peut pas changer le passé, mais on peut choisir où on s’en va.
Choisis-toi.
Merci pour ce texte, très beau, très fort…
Et bonne route à toi !
Wow! C’est très courageux déjà de l’admettre. Faut pas avoir honte de son passé. Bravo!