Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout des responsabilités. Je suis à bout d’être en charge des repas, du linge à laver, des devoirs à faire, du taxi entre les quarante cours la fin de semaine, du shift de nuit, de la petite voix qui me rappelle que je devrais me coucher si je ne veux pas le payer cher le lendemain matin et de l’impossibilité de bénéficier de plus de quatre minutes et quart de silence le vendredi soir avant vingt-et-une heures.
Secrètement, il m’arrive de rêver d’une fin de semaine en bobette dans le divan avec un litre de vin, du chinois et une télésérie de vingt-deux épisodes écoutés en rafale et de savoir que je ne suis pas seule à caresser ce rêve-là me rappelle que je ne suis pas le diable en personne.
Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout de la conciliation travail-famille. Parce que j’essaie de me réaliser dans ma vie professionnelle aussi fort que dans ma vie familiale et j’ai quotidiennement l’impression que les journées devraient disposer du double d’heures pour que j’arrive au fil d’arrivée en ressentant un quelconque sentiment d’accomplissement le soir.
Je cours partout mais je n’excelle nulle part, faute de temps, faute d’énergie, faute d’être le superhéros que je tente en vain d’être dès que le cadran sonne jusqu’au moment où je m’évanouis dans mon lit. Et savoir que d’autres mamans soupirent aussi en retirant leur cape le soir me rappelle que je fais simplement mon possible.
Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout de la fatigue. Non pas parce que je prétends vivre des nuits plus mouvementées que le commun des mortels depuis la naissance de mes p’tits, mais parce que le sommeil est essentiel à la survie et que le mien, comme celui de tous les parents, est perturbé, nuit après nuit, par des biberons à donner, des nez à moucher, des cauchemars à chasser et des draps souillés à laver.
Quand j’ai signé pour être maman, on m’a parlé de cernes et de nuits écourtées, mais rien ne pouvait me préparer à cette fatigue viscérale qu’entraîne la parentalité et le fait d’avoir volontairement choisi d’être maman ne me rend pas les heures de sommeil perdues; merci d’éviter de me dire que je n’ai plus qu’à assumer mes choix.
Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout de la culpabilité et de la pression. Celles que je ressens et que je m’impose le plus souvent moi-même pour en faire plus et pour le faire mieux. Celles qui me grugent les tripes devant les repas à préparer qui ne sont pas toujours composés des quatre groupes alimentaires et le mou de ventre que je rêve de perdre sans pour autant avoir envie d’aller me faire aller dans un gym paqueté de monde trop slim qui me rappellent que je devrais manger mieux et bouger plus. Celles qui me rongent le soir quand je me suis emportée contre le plus jeune ou que j’ai sauté les devoirs du plus vieux. Celles de refuser les avances de mon chum parce que je suis vidée. Celles de m’effondrer dans le divan plutôt que de plier une brassée de foncé à huit heures le soir.
Je travaille fort à foutre la culpabilité dehors, certains jours j’y arrive mais lorsqu’elle l’emporte sur moi, la meilleure façon de l’évacuer est d’en parler, particulièrement avec celles qui partagent aussi leur vie avec elle. Pour se comprendre. Pour apprendre à se parler plus fort et lui faire prendre son trou lorsqu’elle se manifeste.
Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout de croire que ce je ressens n’est pas normal. Je suis à bout d’être comparée à la voisine pour qui les choses sont plus compliquées et qui aime me rappeler que je ne devrais pas me plaindre le ventre plein parce que son malheur est plus grand que le mien. Je suis à bout de ces regards posés sur moi qui me hurlent en silence que je n’aime pas mes enfants dès que j’ouvre la bouche pour dire que j’en ai mon casque. Je suis à bout qu’on tente par tous les moyens de faire croire aux parents que leur quotidien ne peut qu’être rempli de ballounes et de Calinours suivant la naissance de leurs enfants parce que la débarque que nous prenons tous me confirme qu’on nous a menti. Je suis à bout que d’exprimer sa colère, sa déprime ou sa fatigue en lien avec les enfants soit perçu comme une absence de reconnaissance d’avoir donné la vie alors qu’il s’agit tantôt d’un moyen d’évacuer et tantôt d’un moyen de demander de l’aide.
Je ne suis pas à bout de mes enfants.
Mais par moments, je suis à bout que les gens ne pensent pas plus loin que le bout de leur nez et croient que je suis à bout de mes enfants et de ma vie de maman parce que la maternité comporte son lot de difficultés au quotidien et que j’ose le dire tout haut pour rendre mon quotidien plus doux.
À chacun sa façon d’être heureux et d’évacuer le laid. La mienne ne nuit pas, ne discrédite personne et aide plusieurs mères à s’épanouir dans la maternité en acceptant qu’aucune maman n’est parfaite et que la gamme d’émotions que nous traversons toutes chaque jour est normale.
Merci de nous respecter.
Merci de ce partage que je ressens tellement au quotidien, merci d’avoir mis ces mots pour moi aussi, courage courage
Merci pour se texte ❤️❤️❤️si près de ma réalité… même si mes garçons ont grandit 16-14-10 ans je me sens souvent comme tel …
merci ?
Merci, j’avais vraiment besoin, en ce moment, de savoir que je ne suis pas une mauvaise mère, mais une femme normale.
Du fond du cœur, MERCI ❤️
Je n’aurais pas su mieux raconter mon défi quotidien… surtout ces temps-ci… que j’en ai marre d’être autant surcharger de toutes ces responsabilités…
Merci, de si bien dire se que nous ressentons! Non, je ne suis pas à boutte de mes enfants , mais bien à boutte et de toutes les exigences qui viennent avec et avec toutes les exigences que nous nous créons nous mêmes pour la réussite de nos enfants, nous voulons tellement qu’ils soient heureux, épanouis et qu’ils aillent au bout de leurs possibilités que nous nous oublions nous mêmes. Et veux, veux pas les enfants ne nous remercierons pas de tout les effort donné, la reconnaissance et la gratitude pour se que nous fessons est plutôt inexistante. Mais comme j’avais entendu une fois nous sommes les artisans d’une œuvre plus grande que nous et c’est dans le temps que nous en verrons les fruits. En attendant peux-t-on ventiler et avoir des proches qui porte une oreille attentive et compatissante à toutes nos petites misères parce qu’avec la fatigue et la lassitude se verre 200eme verre d’eau répandue au souper, ben se soir est devenu le supplice de la goutte d’eau et je dois vider ma coupe! Alors écouter nous…
C tellement ca! Merci de nous faire sentir moins seules a toutes les superbes mamans!♥️♥️♥️
Merci de mettre des mots sur comment on se sent.