La simple idée de voir son petit lit vide plusieurs soirs par semaine te fait reculer. Y penser te fait mal alors comment arriverais-tu à survivre si ça faisait partie de ta réalité et de ton quotidien ? Tu essaies de te convaincre que tu n’es pas si malheureuse que ça, que les besoins de ton enfant doivent passer avant les tiens, mais à peine vingt minutes plus tard tu suffoques à nouveau. C’est toujours le même pattern. Un pattern qui t’étouffe aussi fort qu’il te fait douter, reportant ainsi ta séparation à plus tard.
Ce n’est pas la vie sans le père de ton enfant qui te fait peur, c’est la vie sans ton fils. Ce sont les soirées seule, les samedis libres, trop libres à ton goût, les grasses matinées alors que tu avais pris goût de te faire réveiller à cinq heures et demie du matin par ton petit bonhomme toujours trop matinal. C’est l’absence d’un petit être qui tire sur tes pantalons quand tu es dans le rush de la préparation du souper. C’est son absence, aussi, à l’heure du dodo qui s’éternise.
Ces temps-ci, ses lamentations et ses pleurs résonnent comme une douce mélodie à tes oreilles parce que tu sais que tôt ou tard, tu pleureras seule chez toi avec comme seul et unique bruit le son de la télévision que tu laisseras allumée en permanence pour étouffer le silence de ton nouvel appartement.
Aucune parole rationnelle ne parvient à te convaincre de faire le saut dans le vide que tu redoutes tant. Et pourtant, tu les as toutes entendues. On te les a toutes répétées plusieurs fois, maladroitement parfois, en vain.
« Ton fils sera juste plus heureux s’il a une mère heureuse. »
« Mieux vaut deux parents séparés et heureux que deux parents ensemble et malheureux. Ton fils doit le ressentir. »
Tu sais qu’ils ont tous raison, mais tu es incapable de t’imaginer ne pas voir ton enfant tous les jours. Tu ne peux pas concevoir ne pas être en mesure de le consoler lorsqu’il réclamera tes bras. Ceux-là qui sont parfois les seuls à pouvoir le réconforter. Tu ne veux pas qu’il se sente abandonné. Depuis sa naissance, tu t’es habituée à lui donner le meilleur de toi-même et tu vois ta séparation comme un échec à ta vie de mère. Tout ça te fait reculer, et endurer une vie que tu ne souhaites plus vivre et que tu fuis parfois le temps d’une soirée bien arrosée.
Je n’ai jamais parcouru la route sinueuse que tu empruntes aujourd’hui. Je n’ai jamais ressenti ces sentiments qui t’habitent et qui t’empêchent de faire de ton bonheur ta priorité. Je tiens cependant à te dire que je serai là quand tu auras besoin de moi. On fermera la télévision le temps d’une soirée pendant laquelle tu auras besoin de te changer les idées ou que tu auras besoin d’une épaule pour pleurer ou d’une oreille pour t’écouter.
Je serai là, mon amie précieuse.
Tu m’as fait pleurer. C’est tellement ce que je ressens.