À toi, cher « body »,
On se le cachera pas, toi pis moi c’est une histoire d’amour-haine depuis un bon vingt-cinq ans. Je t’ai adoré, entraîné, massé et adulé. Puis après, je t’ai détesté, trouvé laid. Y a des jours où tu m’as plu, d’autres où tu m’as dégoûtée. Y a des fois où j’ai jalousé le corps de d’autres, alors qu’à certains moments, je sais que d’autres t’ont jalousé.
J’aime certains de tes attraits, de tes atouts et ceux-là, je les ai toujours aimés. Par contre, ton talent à emmagasiner la graisse, ça je l’aime un peu moins. Le pire, c’est que tu l’accumules vite, mais que quand vient le temps de la perdre, adieu l’efficacité.
T’es en santé mon corps, pis ça, je t’en suis reconnaissante à tous les jours que la vie me permet de vivre. T’es en santé, pis pas juste de l’extérieur; de l’intérieur aussi. Tu me permets de faire un travail que j’aime, de respirer, de m’entraîner et de profiter de chaque instant avec les gens que j’aime.
De nos jours, on nous dicte la silhouette à avoir. Tu me connais, j’haïs ça me faire dire quoi faire. Mais les publicités qui nous montrent des belles pitounes, ben je te le cache pas, elles m’affectent.
Parce que toi, mon corps, t’es pas comme celui des filles sur les pancartes pis je trouve ça dur. C’t’un peu pour ça que je t’ai pas toujours aimé et que certains jours, ben je te regarde avec un peu de mépris.
Mais aujourd’hui, enceinte de presque vint-cinq semaines, je pense que je t’ai jamais autant aimé cher corps. Tu ne m’as jamais fait sentir aussi belle, aussi comblée et aussi bien dans ma peau. Toi pis moi, on fait équipe pour faire grandir une belle petite fille tout rose et en santé. On la tricote ensemble pis je trouve ça beau. Parce que quand on y pense, c’est surnaturel ce qui se passe. En duo, on crée la chose la plus complexe sur terre : un être humain avec son cerveau et tous ses organes. Quand je sens ses petits coups subtils, mais bien là, j’en ai des frissons à chaque fois. Toi pis moi, on prend de la bedaine, pis j’ai jamais été aussi contente que le chiffre sur la balance monte lentement et sainement.
Oui OK, depuis le début du tricotage du mini être humain, y’a de la cellulite que j’ai jamais eue, des taches rougeâtres un peu partout pis des vergetures qu’on ne voulait pas. Mais honnêtement, et je suis aussi surprise que toi, je m’en fous. Je comprends que tu te concentres à faire un beau bébé, fait que je suis moins pointilleuse sur les autres petits détails. Je te dis pas que je trouve ça beau tout le temps, mais bon, qu’est-ce que je peux faire anyway ? Tu te transformes, mais moi aussi : je vais être maman, c’est-tu pas beau rien qu’un peu? Ça fait longtemps qu’on rêve de ça pis je trouve qu’on fait une maudite belle job jusqu’à maintenant.
Eille « bod », ça nous fait ben la grossesse, tu trouves-tu?
Ah…pis je t’aime.
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