doubtful teacher

À toi, la maman qui détient la vérité sur le système scolaire

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En réaction au texte « Toute la vérité sur ton système éducatif illogique et désuet » publié le 30 août.

Chère maman qui croit détenir la vérité sur le système éducatif soit-disant illogique et désuet,

Il faut qu’on se parle.

Je suis une maman. Je suis aussi une prof. Mais surtout, je ne suis pas d’accord avec toi.

Ne va pas t’emballer et croire que je suis là pour te convaincre que le système scolaire est parfait et que tout fonctionne à merveille à l’intérieur des murs de nos belles écoles publiques. Je nage dans le système scolaire tous les jours de ma vie, c’est mon métier. Sache que j’en connais les lacunes et que je les subis chaque fois que je mets les pieds au travail, un travail qui me passionne encore, d’ailleurs.

Mais clairement, les lacunes du système scolaire sont loin d’être celles que tu crois. Je vais donc te donner le point de vue de l’intérieur, parce que ma vérité est bien loin de la tienne. Mais je t’avertis : tout ça n’a rien à voir avec les petits irritants que sont pour toi les huit duo-tangs de ton enfant de première année ou les bébés carottes que tu mets dans le lunch de ta fille.

Ma vérité à moi, chère maman, c’est que quand tu critiques le système scolaire de façon aussi virulente, c’est moi que tu atteins. T’as beau me dire que ce n’est pas moi que tu visais, c’est mon travail, ma passion et mon engagement que tu écorches au passage. Parce que ton réel lien avec le système scolaire, c’est avec moi, la prof de ton enfant. Pas avec le ministre de l’éducation.

Ma vérité à moi, chère maman, c’est que nos conditions de travail sont bien souvent inadéquates. Des locaux bien souvent désuets, des classes bondées d’élèves avec différentes problématiques, mais sans l’accompagnement dont j’aurais besoin pour mener tout ce beau monde à leur plein potentiel. Une reconnaissance de mon travail quasi inexistante fait en sorte que j’ai des collègues qui bien souvent sont si essoufflés qu’ils décident de tourner le dos à la profession. Partout au Québec, des élèves ont effectué leur rentrée dans une classe sans prof, un problème bien plus alarmant que la collation santé de ton enfant.

Ma vérité à moi, chère maman, c’est que le gouvernement joue au yo-yo avec les ressources qu’il nous accorde. Parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre d’une année à l’autre. Parce qu’on n’a pas l’aide dont on a besoin. Parce que le budget par classe est ridicule. Parce que les promesses d’élection ne sont jamais tenues. Parce que j’ai beau vouloir tout faire pour changer ce système dans lequel je me débats, tout faire pour ton enfant, toute seule, je n’y arrive pas. J’ai du vouloir, mais très peu de pouvoir.

J’ai besoin de toi. Que tu te battes avec moi au lieu de chialer sur des banalités. Parce que c’est de tes enfants dont on parle. Et que là, avec cette attitude légèrement méprisante, tu n’aides personne. Pourtant, tu peux m’aider à aider ton enfant. Mais pour ça, va falloir régler deux trois petites affaires.

Les couleurs de duo-tang, les dizaines de crayons de plomb et les trois effaces, arrête de te pâmer avec ça. Si ton enfant ne les utilise pas, je vais te les renvoyer. Des crayons, ça ne moisit pas. Sais-tu combien j’en fournis aux élèves pendant l’année, des crayons et des effaces? Des tas. Avec mon argent. Pour des enfants qui ne sont pas les miens. Les belles histoires que je raconte tous les jours à ton petit? Des livres payés de ma poche. Les nouveaux jeux auxquels ton enfant de maternelle a pu jouer cette semaine? Ceux de mes propres enfants. Je n’ose même pas dire à mon conjoint combien je dépense pour faire en sorte que TON enfant apprenne chaque jour de façon plus intéressante. Même les Kleenex avec lesquels ton enfant se mouche, c’est maintenant moi qui dois les fournir. Alors de grâce, lâche-moi avec le duo-tang bleu.

Il serait aussi intéressant que tu changes ta façon de voir ce qui est enseigné à l’école. La géométrie, oui, ça peut être très utile dans la vie. Tu n’as encore aucune idée du métier qu’exercera ton enfant et moi, je suis justement là pour lui ouvrir des portes. Je lui parlerai probablement des grands inventeurs, de découvertes, de lectures qui m’ont passionnée. Je suis aussi là pour éveiller la curiosité de ton enfant, lui donner une culture générale, l’éveiller au monde qui l’entoure. En faire un futur citoyen allumé sur ce qui se passe dans son monde.

Et je n’ose pas te parler du temps que je mets le soir et les week-ends pour que ton enfant me trouve intéressante. Pas mal plus long que de faire pratiquer le verbe être.

Et surtout, je ne désire pas faire de ton enfant un mouton. Je désire plus que tout faire ressortir ses forces, faire des projets passionnants, utiliser des façons de faire innovantes dans ma classe. Et bien souvent, j’y arrive. Mais d’autres fois, non. Pour toutes les raisons que je t’ai nommées. Et aussi parce que j’ai parfois l’impression de me battre contre toi et l’image que tu renvoies de l’école à ton enfant.

Tu veux changer le système scolaire qui semble te puer au nez? Alors embarque avec moi. Implique-toi dans les comités de ton école, dans le conseil d’établissement. Viens faire du bénévolat lors des activités. Viens voir tout ce qu’on essaie de faire pour ton enfant.

Tu pourrais être surprise.

Crédit : Just danc/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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17 Comments

  • Wow ça devrait être lu haut et fort dans les médias. Les profs aussi devraient se tenir ensemble. Merci de nous avoir partagé par écrit ce que nous n osons pas dire haut et fort.

  • Arrêter de chialer ca se fait dans les deux sens!
    Arreter de chialer et soyez plus créatives !
    Un papa a la maison!

  • L’aide demandée pour les enfants qui ont de la difficulté, n’est pas pour aider le professeur mais pour aider les enfants, à l’école de mon fils, le professeur en profitait pour prendre congé lorsque l’éducatrice spécialisée était supposée aider mon fils.

    • Étiez-vous sur place pour affirmer une telle chose. Il n’y a aucun directeur qui accepterait que l’enseignante sort de sa classe durant la présence de l’éducatrice. Celle-ci n’est pas enseignante. Arrêter d’inventer n’importe quoi et rendez-vous dans les écoles pour voir la réalité. Je ne jugerai jamais quelqu’un sans avoir vu moi-même les faits.

  • Une maman prof

    Le service que votre enfant recevait de cette éducatrice était pour aider votre enfant et ainsi supporter son enseignant. Si elle prenait congé lorsque l’éducatrice de votre enfant était là, c’est probablement qu’elle en profitait pour prendre ses congés pendant ce moment où elle pouvait quitter en laissant votre enfant en sécurité, avec un visage connu puisqu’elle devait obligatoirement se faire remplacer par un autre enseignant. Bref, les éducatrices spécialisées sont là pour aider l’enseignant à réaliser sa mission première: faire apprendre tous les enfants. Or, les enfants à besoins particuliers ont généralement, comme le mot besoin le désigne, des besoins spécifiques nécessitant l’intervention d’une personne supplémentaire.Il peut s’agir de plusieurs types d’intervenants qui se concertent dans le but d’offrir tous les outils à votre enfant pour lui assurer le développement de son plein potentiel. Généralement, les parents sont des alliés précieux puisqu’ils connaissent leur enfant mieux que quiconque. Malheureusement, d’autres parents excellent dans l’art de critiquer chaque intervention sans même se présenter en plan d’intervention.Bref, ils collaborent peu, mais critiquent et jugent beaucoup. Je ne vous connais pas et j’espère que vous êtes dans les parents collaborateurs, car il,est possible de critiquer, rien n’est parfait (pas plus dans les classes de vos enfants) mais, généralement lorsqu’on côtoie l’école, il est facile d’admettre que cette merveilleuse profession devient de plus en plus ardue à réaliser. Un jour, il faudra y réfléchir ensemble madame.

    • Si l’enseignante était absente, c’était peut-être même parce qu’elle était en formation! C’est terrible que la profession enseignante est mal jugée. Quand des parents font du bénévolat pour nous accompagner lors d’activités spéciales ou sorties, ils ne voient pourtant qu’une parcelle de notre tâche et ils nous disent tellement souvent qu’ils ne changeraient pas de travail avec nous! Pourtant, souvent je trouve que ce sont des moments plutôt faciles les sorties, etc. Ma fille est infirmière, tout le monde sait comment les infirmières travaillent, et elle me dit souvent qu’elle ne voudrait jamais faire mon travail. Elle est consciente des nombreuses heures non payées que j’accorde à mon travail. Parlons-en des deux mois de vacances! Oui, nous sommes chanceux de les avoir mais j’ai souvent dit à mon conjoint, je prendrais plutôt un mois comme la plupart des gens en échange de mes soirées et des heures faites aussi les fins de semaine. Mes trois dernières semaines de vacances sont consacrées à préparer ma rentrée, à choisir du matériel intéressant, à planifier des activités, etc. Tout ça, les gens ne le voient pas! Mon conjoint me dit à chaque rentrée qu’il devient veuf pour les dix prochains mois.

  • Selon moi, tout ceci se vit dans toutes les sphères de la société… Demandez à une serveuse qui sert 120 clients par soir si elle aimerait dire à certains clients d’arrêtre de chialer…. Ce qui est attendu de nos enfants est beaucoup plus grand qu’il y a 30 ans… Et c’est pareil partout. Où tout ceci va s’arrêter??? Quand, dans une discussion avec l’enseignante de 6e année de mon garçon, me parle de la cote R de mon gars s’il veut rentrer l’université, ça m’en dit sur ce qui est attendu de lui. Bien sûr, c’est par bienveillance envers lui, mais il y a certainement une réflexion à y avoir. Quand j’entends des étudiants au BAC se décevoir d’un A- parce que ça peut mettre en péril leur admission dans un programme de doctorat contingenté, je me dis; « my God, qu’elle pression » Nos sommes dans un monde où la performance est mise de l’avant au détriment de l’empathie, l’entraide et la collaboration. Soyons plus collaboratifs et tolérants.

  • Chère prof anonyme,

    C’est drôle, mais je te lis et je sens tout à fait la même attitude méprisante que tu reproches aux mères. D’ailleurs, pourquoi aux mères, au fait? Les pères seraient-ils tous des saints?

    J’ignore si tu as déjà siégé sur un conseil d’établissement. Moi, oui. Je voulais aider et contribuer à améliorer les choses. Et ce dont je me suis rendu compte, c’est que les parents sont traités comme des «rubber stamp». On attend de nous que nous votions (favorablement, on s’entend) sur des trucs à peine expliqués. Un budget d’une école primaire qui tient sur une feuille 8 1/2 X 11, j’ai vu ça de mes propres yeux et je n’en reviens pas encore. On ne peut vraiment rien remettre en question avec aussi peu de détails. Et de toute façon, dès qu’on propose quelque chose, on se fait répondre qu’il y a des règles, des cadres et qu’on ne peut rien faire. J’ai terminé mon mandat avec l’impression d’avoir participé à une vraie farce, un simulacre de démocratie pour faire taire les parents. Ce n’est pas de ta faute, c’est le gouvernement qui a mis ça en place. Mais ne vient pas me dire que je dois aller là pour changer les choses. J’ai essayé, c’est inutile.

    Tu sais, je le sais que tes conditions de travail ne sont pas faciles et que ta job comporte un bon nombre de défis. D’ailleurs, je ne cesse de louanger ton travail auprès de mon enfant même si ton dernier message rempli de fautes me fait vachement grincer des dents. Parce que je sais que c’est dur.

    Mais sais-tu que ta profession est loin d’être la seule à avoir des conditions de travail difficiles? Le mien aussi comporte de longues heures, bien plus mal payées que les tiennes et beaucoup plus précaires. Je sais que tu ne vas pas aimer mon commentaire (tous les profs détestent qu’on leur parle de leurs vacances), mais je n’ai pas deux mois de vacances, moi, pour trouver le maudit cartable que tu m’as demandé et qui, après des heures de recherche, semble ne pas exister. En tout cas, personne dans la classe de mon enfant n’en a trouvé.

    Fais ton bout, je vais faire le mien. Deal?

    • Les profs ne sont pas payés l’été… on les paye 200 jours qui seront répartis sur 26 payes. Le gouvernement garde cet argent et le redonne en 4 payes estivales. Aucun intérêt versé sur ces centaines de millions de dollars n’est versé aux enseignants. Qu’est-ce qui empêche quiconque de prendre 2 mois de vacances ou de devenir enseignant pour « profiter » du congé forcé? Quand on sauce notre argument avec « tout le monde, tous les profs »… on commence à perdre la valeurs des arguments qui font en sorte que vous et moi sommes d’accord sur plusieurs points. Les C.E. sont une vrai blague en effet et il semble que vous ayez été témoin des mêmes petites dictatures que dans beaucoup de ces instances… Ça fait vraiment dur… quel exercice futile et insultant. Les gens qui mènent le bal sont les gens des postes administratifs de l’école même. Dans mon école, à mon C.E. on y ment régulièrement. C’est dégueu.

      Il est appréciable que vous n’ayez pas utilisé des propos inutilement réducteurs. La réponse initiale de cette enseignante est écrite de manière défensive puisqu’elle se sentait interpellée par l’envoi original. Bien sûr il existe des métiers où l’on gagne plus difficilement sa croûte qu’en éducation mais rares sont ceux qui se font fustiger sur la place publique au même niveau que les enseignants. Sans trop nuancer, je pense que le reste de la fonction publique québecoise travaille dans l’ombre…

      On est dû pour un moratoire sur l’éducation au Québec. Le clientélisme, le modèle administratif digne d’une manufacture, les ressources insuffisantes et désuètes, les enseignants démissionnaires et impuissants, les jeunes qui, pour la plupart, n’en saisissent pas l’importance, les parents ultra-sollicités de parts et d’autre.

      Je ferais volontiers partie du même commité que vous, si vous avez encore la passion de changer les choses…

  • C’est bien beau dans cette optique, mais tous les profs ne pensent pas comme vous. Combien de fois je me suis fait jugé parce que ma fille avait des difficultés. Combien de fois j’ai donné des trucs aux enseignants et qu’ils ne m’ont pas écouté. Combien de fois je me suis présenté à l’école pour des rencontres qui tournent et qu’on se plaint du comportement de ma fille. Combien de fois on m’a dit qu’on allait mettre des choses en place et qui n’ont jamais abouti. Je me suis déjà fait dire que sans médication poir le TDAH, ils ne pouvaient rien faire pour elle (ma fille n’a pas de TDAH, elle a un autre dx). Combien de fois elle a reçu des conséquences disproportionnées. Combien de fois on lui a refusé d’utiliser ses moyens pour se calmer. L’année dernière, on est tombé sur une enseignante et un TES ouvert, sans jugement, collaborant, j’ai enfin réussi à lui faire prescrire des médicaments grâce à leur aide, j’ai réussi à ouvrir des portes dans les services de santé publiques. Elle a enfin progressé. Depuis quelle avait 4 ans qu’on jouait au ping-pong avec nous. Alors oui parfois l’école c de la marde.

    Par contre, je suis énormément reconnaissante envers l’équipe de l’année dernière. Je me dis aussi qu’ils ont écopé pour l’inaction des autres.

    • Bonjour,
      Et finalement je ne suis pas seule à vivre des conséquences disproportionnées données par l école à mon fils de 2ème année secondaire.
      Pour un refis de changement de place dans la classe il se retrouve suspendu pour 5 jours
      Oh mon dieu je suis rendue à penser que l ecole
      contribue plus à l échec de nos enfants ( mon fils est TDAH avec opposition)
      Quand est ce que l école retrouve sa vraie mission
      Préparer des futurs adultes à un monde meilleur
      Et ceci commence par le respect de l enfant (en phase de l adolescence) combien il en a besoin
      Ce n est plus l enfant ? du primaire
      C est un adulte en construction …
      Aidons nos enfants à mieux se préparer à leur avenir en leur donnant un meilleur climat dans nos écoles: respect respect respect ensuite éducation et savoir et tout le reste viendrait d une manière plus naturel.
      Une maman.

  • Bonjour,

    Mon commentaire fait suite à celui de Sabrina.

    Et finalement je ne suis pas seule à vivre des conséquences disproportionnées données par l école à mon fils de 2ème année secondaire.
    Pour un refis de changement de place dans la classe il se retrouve suspendu pour 5 jours
    Oh mon dieu je suis rendue à penser que l ecole
    contribue plus à l échec de nos enfants ( mon fils est TDAH avec opposition)
    Quand est ce que l école retrouve sa vraie mission
    Préparer des futurs adultes à un monde meilleur
    Et ceci commence par le respect de l enfant (en phase de l adolescence) combien il en a besoin
    Ce n est plus l enfant ? du primaire
    C est un adulte en construction …
    Aidons nos enfants à mieux se préparer à leur avenir en leur donnant un meilleur climat dans nos écoles: respect respect respect ensuite éducation et savoir et tout le reste viendrait d une manière plus naturel.
    Une maman.

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