baby learning with mother

Je suis la mère d’un enfant parfait et je sais que ça te pue au nez

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Tu me diras probablement que je me plains pour rien et que je suis donc épaisse de me sentir mal pour si peu, mais je vais te le dire quand même, à toi que je connais seulement par médias sociaux interposés, qui crois que je fabule, et à toi, mon « amie » qui s’éloigne à mesure que nos enfants, qui ont pourtant le même âge, grandissent.

Je suis la mère de l’enfant parfait et je sais que ça te pue au nez.

Je suis la mère de cet enfant qui dit bonjour et merci à la boulangère, qui ne fait jamais de crise de bacon en public, et qui ne se fait remarquer que par des petites phrases qui amusent les gens.

Je suis la mère d’un petit garçon qui a marché à neuf mois, qui faisait des phrases sujet-verbe-complément à quinze mois, qui était propre à dix-neuf mois. Depuis un mois, il dispose d’un pot dans sa chambre, se lève la nuit, fait ce qu’il a à faire et se recouche, sans nous réveiller.

Je suis la mère d’un enfant qui, à deux ans et demi, parle très bien, connaît les couleurs, les formes, les chiffres, les lettres et reconnaît certains mots.

Si je te dis tout ça, ce n’est pas pour t’écoeurer. Je pose le décor; j’ai la chance d’être la maman du petit bien agréable, que tout le monde apprécie.

Maintenant, je voudrais que tu saches une chose : ma fierté de maman est la même que la tienne.

Je suis vraiment consciente de la chance que j’ai, et aussi que je n’y suis pas pour grand-chose. Ma fierté de maman ne va pas au-delà de celle de tout parent qui s’émerveille de voir son enfant franchir les étapes de la vie.

Quand je post les photos d’activités que nous faisons sur les réseaux de photos, mon intention n’est pas de dire « Hey t’as vu, il sait faire ça »; je veux juste te montrer nos faces qui ont ben du fun à partager un moment fiston-maman.

Quand tu me dis que ton petit de vingt-cinq mois commence à faire ses besoins dans le pot et que je te dis bravo, je suis sincère. C’est vraiment chouette, je me réjouis de voir que vous allez être bientôt débarrassés des couches. Mais quand tu me demandes où on en est par la suite, et que je te dis que chez nous c’est bon, que tu me demandes depuis quand et que je te réponds que ça fait un bon moment que c’est réglé, je suis pas en train de t’écoeurer. Je réponds à ta question. Je ne t’ai pas dit (et je n’ai même pas pensé) « Hey, le mien y’a longtemps qu’il sait faire ça! ».

Quand mon enfant s’amène avec une poignée de bonbons, qu’il te dit qu’il en a quatre et que s’il t’en donne un, il lui en restera trois, c’est pas un numéro qu’on a consciencieusement répété toute la nuit. Mon enfant n’est pas un singe savant. Y’a personne qui lui fait faire des exercices et il ne fréquente aucun service de garde spécial qui viserait à développer quoi que ce soit.

Tous les enfants sont différents. Le mien est différent dans le bon sens selon la société. Mais tu sais, je suis bien consciente qu’au secondaire, le fait qu’il ait marché à neuf mois et le tien à seize mois ne fera aucune différence et que personne ne viendra lui demander à quel âge il a arrêté de porter des couches quand il cherchera un travail.

Ça fait que j’aimerais ça pouvoir exprimer ma fierté de maman, sans arrière-pensée, sans me demander comment tu vas le prendre et que tu arrêtes de comparer.

Profite de ta vie, tes petits sont ben fins également. Et même s’ils ne parlent pas aussi clairement que le mien, ça se voit dans leurs yeux qu’ils sont tristes de voir que déjà, ils ne semblent pas à la hauteur de tes exigences.

Regarde tout ce qu’ils font eux plutôt que de t’attarder sur ce que d’autres font.

Et si vraiment, vraiment t’as besoin d’un truc pour te sentir mieux, sache que mon p’tit a fait ses nuits à seize mois, qu’il est vraiment poche en dessin et qu’il a du mal à assembler un puzzle de neuf pièces.

Crédit : Oksana Kuzmina/Shutterstock.com

Elodie

Maman d’un petit garçon né en 2015, je redécouvre le monde à travers ses yeux. Ma mission : faire chaque jour mon possible pour que son sourire rieur et les étoiles dans ses yeux ne s’éteignent pas, sans y laisser ma propre santé mentale. J’aime cuisiner (souvent) et faire cuire des pizzas (parfois). Quand il m’arrive d’avoir un peu de temps, j’apprécie un bon livre : roman policier ou romance, selon l’humeur du moment. Ma devise : tout ne dure qu’un temps, les bonnes comme les mauvaises choses alors profitons des bonnes et soyons patient pour le reste.

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