pregnant woman belly

Je n’aurai plus jamais de bedaine

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Je n’aurai plus jamais de bedaine. Les enfants pour moi, c’est terminé.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé le vivre une autre fois, une fois de plus, une toute petite dernière fois. J’aurais aimé me sentir encore deux pendant neuf mois, le temps de construire ce qu’aucun homme n’est capable de construire. J’aurais aimé sentir un bébé bouger avec le même émerveillement que j’avais encore de le sentir la millième fois, enceinte.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé me sentir à nouveau belle, femme et puissante dans toute la fragilité que représente une grossesse. J’aimais tellement me faire dire que mes yeux étaient brillants, convaincue que c’était vrai et que la magie opérait dans mon corps.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé revivre cette symbiose qui a uni ma destinée à celle d’un autre humain que j’aimais déjà plus que tout avant même de l’avoir rencontré. De cet amour qui n’est pas explicable et de cette inquiétude qui ne faisait que commencer, me ramenant au plus grand rôle que j’aurais dorénavant à jouer.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé revivre ce moment où j’ai réalisé que je connaissais maintenant la véritable définition du bonheur, enlacée par les bras de l’homme que j’avais choisi pour devenir le père de mes enfants.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé revivre ce moment où j’ai commencé à réaliser que j’allais véritablement devenir maman. J’ai imaginé une chambre avec un petit lit et une chaise berçante pour que l’on puisse se retrouver, collés l’un contre l’autre, puis tout est devenu plus concret. Je me berçais déjà, seule, avant qu’il n’arrive, en flattant ma bedaine et en me disant que c’était beaucoup trop long à mon goût. C’est aussi à ce moment-là que je me suis permis de l’appeler par son prénom si soigneusement choisi depuis qu’on l’avait vu sur un écran noir et blanc. Il avait ses dix petits doigts, ses dix orteils et un profil auquel je m’amusais à trouver des ressemblances.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé revivre ces instants où je me crémais la bedaine pour empêcher la peau de fendre alors qu’en réalité, ce n’était que le prétexte pour une caresse que j’offrais à mon bébé.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais même aimé revivre ces derniers jours où je n’en pouvais plus et où j’avais l’impression d’être sur le point d’exploser. L’attente des derniers jours, les levers la nuit, ces nuits qui, en fait, n’en étaient plus et qui me préparaient à celles que j’aurais désormais à vivre lorsqu’il allait être parmi nous. Ces matins à me demander si c’était enfin aujourd’hui la bonne journée.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais j’aurais aimé revivre ce précieux moment où j’ai compris que l’heure était venue et ces petites contractions en début de travail que je ressentais à peine parce qu’elles étaient étouffées par mon bonheur.

Je n’aurai plus jamais de bedaine, mais je me promets de me rappeler chaque jour que je suis privilégiée d’avoir vécu ces doux moments qui resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire.

Crédit : igorstevanovic/Shutterstock.com

Roxanne Lavoie

Maman de jumeaux identiques de cinq ans, je ne fais jamais rien à moitié ! Je suis énergique, simple et passionnée. J’aime rire, mais encore plus faire rire les personnes qui sont avec moi. Étudiante en dernière année pour devenir enseignante, j’ai fait ce virage alors que mes fils n’avaient que deux ans. L’écriture est pour moi une forme de thérapie qui me permet de faire le point, mais surtout de prendre du temps pour moi.

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12 Comments

  • Plus jamais, deuxieme et dernière grossesse, et ca me rend tellement heureuse. Dieu que c’est la chose la plus désagréable jamais vecue. Je de-tes-te être enceinte. Je compte les jours avant la fin de mon calvaire. Chacun son truc!

    • Ouf. J’en suis à ma cinquième grossesse et lire cet article m’a tellement fait pleurer. Je suis due en janvier et je ne peux pas concevoir le moment où ce sera terminé. Pour toujours… Je veux tellement voir ma belle petite poupée, mais en même temps sa naissance va vouloir dire le début de la fin… Elle grandira et je ne pourrai jamais revivre ces sentiments : sentir ses petits hoquets dans mon ventre, voir mon ventre bouger quand elle me donne des coups. Je n’aurai plus jamais de bedaine 🙁 et ça me rend tellement triste! J’en aurais 20 bébés si c’était possible!

    • Merci! Cet autre son de cloche fait un bien fou! Je ressens la même chose, c est à chaque fois violent de recevoir ces impressions totalement differentes de la mienne, des impressions bien pensantes, dans le flux de ce qui est attendu mais pour moi d’une autre planète sur la grossesse. J’observe ces descriptions de grossesse comme si quand on est enceinte on n’est plus un être humain mais un être surnaturel aux pouvoirs divins, dans un monde de fleurs et d’epanouissement sans fin.

  • Oufff
    Quelle émotion. …merci
    Je suis encore en réflexion si je me permet une troisième bedaine a l’aube de la quarantaine et je m’avoue incapable du moindre deuils. ..
    Alors peut être auras tu réussis à entamer un processus chez moi, quel qu’il soit. …
    Xxx

  • J’ai eu 2 grossesses une césarienne et une naturel. J’avais tellement peur d’accoucher que j’étais pas triste d’avoir une césarienne. J’ai décidé à la dernière minute de l’essayer naturel au cas si j’en aurais pas d’autres et j’ai eu peur pour rien mais j’ai été très stressée tellement que j’en étais malade. J’ai finalement pris le péridurale pour faire avancer le travail j’étais bloquée à 2 et 5 minutes après j’étais prête. C’est là qu’on voit ce que le stress peut faire. J’ai eu tellement de belles grossesses. Aucunes nausées, rien. J’ai arrêté à deux, j’en aurais voulu un autre mais on a décidé d’arrêter là.

  • AH mon Dieu , je pleure encore et je pense à ma fille qui l’envoi. Ça fait mal au coeur ?? de voir un rêve qui prend fin mais je comprends la situation. Je veux te dire que je t’aime très fort et que tu es une bonne maman ??

  • Je te comprend tellement!!

    Malgré 4 grossesses, la course des activités de chacun, le boulot, dodo. Je suis moi aussi très nostalgique de ce moment la, même si je me dis que mes enfants sont tous beaux et an santés. Même si à ma 4 ième grossesse je n’ai pas autant savouré le moment qu’au premier, tout allait trop vite avec les autres qui demandaient. Mais je vais m’ennuyer de tout ça. Même de voir que mes enfants voient la bedaine bouger. c’est bien triste.

    Merci pour ton bel article on se sent moins seule quand on lie des articles comme ça.

  • Merci pour ton texte qui me rejoint tellement ! Après trois beaux garçons, né tous les trois par césarienne, on m’a annoncé que malheureusement ma cicatrice ne tiendrait pas le coup pour un quatrième… Mon petit dernier a presque 4 ans et le deuil est toujours présent. Je jalouse encore les bedaines qui m’entourent hihihi !

  • Certaines n’en auront jamais de toute leur vie une petite bedaine, dites vous que vous avez était magnifiquement privilégiée en ayant une une fois, ou deux, ou trois …

  • Pareil pour moi… moi qui en voulait tellement… stérile à 24 ans… alors comptez vous chanceuses
    Mesdames… juste un… un seul m’aurait rendue tellement heureuse… des fausses couches… plusieurs… j’imagine votre bonheur… car seulement les quelques jours où j’étais enceinte, me transportais de joie, un bonheur intense, indescriptible… comme j’aurais aimer vivre cette merveille de la vie qu’enfanter… dans une autre vie peut-être que j’en aurai 12… tout n’est jamais fini ?

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