Ma belle amie,
Il faut que je te parle. Sérieusement, je sais que ça ne me regarde pas et que je ne suis personne pour te rabattre les oreilles avec mes belles et grandes leçons, mais là, c’est plus fort que moi.
Voilà des années maintenant que je t’ai vue devenir mère. De fil en aiguille, je t’ai aussi vue t’essouffler et t’épuiser. Je te rappelle, ma belle, que vous avez choisi ensemble de fonder votre famille. Un à la fois, ces petits êtres qui se sont ajoutés à votre union sont arrivés avec leur pile de pyjamas à pattes à laver et un lot de responsabilités.
C’est donc consciemment que vous avez fait le choix d’en avoir un, et un autre… puis encore un… Mais jusque-là, tout est beau et l’équation semble parfaite.
Là où elle perd toute logique, c’est quand je constate que c’est uniquement sur toi que tout repose. Je trouve injuste que tu sois la seule à te fendre la tête en quatre pour t’assurer que tous tes rejetons ne manquent de rien et soient épanouis.
Mon amie, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que c’est la vie dont t’avais rêvée. Convaincs-moi que tout ça, tout ce que tu endures, c’est ce que tu avais prévu.
Je sais que la vie va vite et que ce n’est pas toujours de tout repos. Je sais aussi qu’avoir des enfants, c’est prenant. Je le sais parce que moi aussi, je suis une maman et j’en ai une, une famille. Mais on la gère à deux. On surmonte les obstacles ensemble. On répartit les tâches équitablement.
Quand je te regarde, parfois, je ressens un vif sentiment de colère et d’impuissance. Je pourrais dire que ça me fait de la peine pour toi. Mais ce serait mentir. Les vrais mots mon amie, c’est que je suis fâchée.
Fâchée de voir comment il te traite. Fâchée de savoir qu’il ne t’aide pas… ou si peu. Fâchée de constater que lorsqu’il le fait, c’est parce que tu as versé des larmes ou que tu l’as supplié de t’aider. Je suis écœurée de voir à quel point les enfants ne semblent pas être au cœur de ses préoccupations. Tu trouves ça normal toi, d’être à ce point seule dans ton bateau ?
Si je t’aimais moins, je te jure que moi aussi, je m’ouvrirais la trappe. J’aimerais lui dire qu’il ne mérite pas d’applaudissements quand il s’occupe de SA maison. Qu’il ne mérite pas non plus de médaille quand il prend en charge SES enfants. Que ça ne fait pas de lui le mari de l’année lorsqu’il a préparé le souper. Mais comme je te respecte toi, je me tais et je t’écoute. Je t’écoute me nommer ta réalité à demi-mots, parce que toi, tu ne fais pas ça, te plaindre. Parce que tu ne voudrais surtout pas qu’on pense qu’il est « si pire que ça ».
Si tu savais mon amie comme tu n’as pas besoin de parler pour que l’on ait la certitude qu’il ne te mérite pas.
Voilà, c’est dit. Il ne te mérite pas.
je me retrouve mots pour mots dans cette decription. a l’heure où c’est lui qui a choisi de me quitter et que j’ai l’impression que ma vie s’ecroule, je me rend compte de la realité des choses et que, tant qu’à etre seule dans mon bateau, je vais l’ etre reellement, sans avoir a me soucier de lui, en plus.