Cher toi,
Aujourd’hui, je t’ai entendu dire à ton enfant qu’il ne pouvait pas aller jouer dans le parc d’amusement du restaurant. Jusque-là, je m’en balance, c’est toi le gestionnaire. Je n’ai quand même pas pu m’empêcher de tendre l’oreille lorsque ta progéniture s’est empressée de demander pourquoi. Tu lui as répondu qu’il y avait trop de gens pas pareils. J’ai honnêtement dû me parler, me pincer et m’auto-étouffer avec ma bouchée pour ne pas exploser devant toi.
Trop de gens pas pareils ?
Je n’ai pas compris ce que tu voulais dire. Clairement, je n’étais pas la seule parce que ton enfant t’a regardé comme si tu venais de lui expliquer les bases de la physique quantique.
Trop de gens pas pareils.
Toi, aujourd’hui, dans ton rôle parental, t’as cru bon que ton enfant avait besoin de ça dans son éducation. Toi, tu t’es dit que la crainte, le jugement, l’exclusion, c’était des principes fondamentaux à lui inculquer. Parce que toi, quand t’es devenu parent et que tu t’es questionné sur le monde que tu voulais léguer à tes enfants, t’avais clairement le rejet, la peur et la discrimination au premier rang de tes valeurs à partager.
C’est vrai que ça ne va pas toujours bien dans le monde. T’es-tu déjà vraiment demandé pourquoi ? Ma réponse va te sembler probablement un peu sommaire dans son résumé, mais je crois que ça vaut la peine que je te la partage. Le monde va souvent mal à cause des gens qui pensent comme toi. Des gens qui ont peur des ‘ pas pareils’ qu’eux.
Quand j’ai vu les yeux de ton enfant, triste, j’ai eu le cœur serré. Elle t’a répondu que les amis avaient l’air de beaucoup s’amuser et qu’ils avaient l’air gentil. Si tu savais comme j’ai eu envie d’aller la voir et de lui dire que les yeux de son cœur étaient immensément beaux ! Si tu savais comment j’avais envie de la féliciter !
Tu lui as répondu d’arrêter de pleurnicher. Qu’elle était trop petite pour comprendre. Moi, je pense que c’est toi qui ne seras jamais assez grand pour comprendre. Assez grand dans ta tête, assez grand dans ton cœur… assez grand dans ta tolérance.
Le monde a besoin de personnes comme ta fille. Ils ont besoin d’ouverture, d’amour et d’acceptation. Des différences, il y en aura toujours des milliers. Tantôt ce sera la couleur de leur peau, d’autres fois leur religion. Mais ça va plus loin que ça. Des familles avec deux papas, des enfants handicapés, des personnes blessées. Des différences qui se voient, mais des dizaines qui seront invisibles.
J’imagine que tu fais aussi partie de ceux qui jugent ceux qui jugent. Parce que ça, c’est comme une loi non écrite. J’ai de la peine de penser que ton enfant finira par croire que c’est toi qui as raison. J’ai de la peine de croire qu’un jour, tes paroles feront peut-être du sens pour elle.
Tu me trouves sûrement un peu raide ce matin et tu risques probablement de faire comme si ce n’était pas à toi que je parle. Mais aussi fou que cela puisse te paraître, si mon message te chicote un brin soit-il, c’est peut-être parce que ça te concerne. Le plus beau là-dedans ? C’est que t’as le droit de décider d’agir autrement, de prendre conscience. Fais-le pour toi, mais surtout fais-le pour cette boule d’amour que tu as mise au monde.
À toi qui se permets de juger devant ton enfant, prends le temps d’écouter juste un instant. Je veux te dire que tu te trompes. Présentement, fais confiance à ton enfant, c’est lui qui a raison. T’as le droit d’avoir des doutes, t’as le droit des fois de te questionner. Mais arrête de juger. Pour toi, pour elle… et pour le monde au grand complet.
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