Ça fait plus de deux ans. Deux ans que je vis en ado, une semaine sur deux sans mes enfants, séparé de mon ex qui ne me supportait plus, mais peut-on vraiment la blâmer (et vice versa soit dit en toussant)? Deux ans que je fouille, que je plonge, que je découche, que je débouche, que je touche. Deux ans que je cherche et que je me cherche. On dit qu’il faut essayer beaucoup pour savoir ce que l’on veut (je ne sais pas vraiment qui dit ça, mais moi, je le dis là pour avoir l’air d’un sage plus que d’un crotté). Deux ans de flirts, de dates, de sites de rencontre, de fluidité, à faire le plein de son vide et à se vider de son trop-plein.
La foi en l’amour, je l’avais flushée non pas avec l’eau du bain en lavant mes enfants par un soir où le célibat t’injecte sa solitude dans l’épine dorsale et que tu la sens te traverser la colonne de fond en comble. Non, cette foi est morte bien avant, au temps où j’étais une »famille », en couple. Ce couple qui ne se regardait plus, qui ne s’écoutait plus, qui se disait »Ge t’èmme » de la mauvaise façon, qui s’était même mis à se vouvoyer tellement étranger il était devenu l’un à l’autre. Ce couple que l’on qualifiait de »petite famille parfaite » sur photos malgré les suintantes coulisses d’amertume qui s’écoulaient derrière celles-ci. Un couple bien vêtu de son tissu de mensonges, souriant d’un jaune éclatant d’une fausse sérénité.
Puis, je vous ai connus, ton petit bonhomme et toi. Tel un fixe de vie qu’on injecta dans mes veines, j’ai senti renaître mes signes vitaux. Mon coeur s’est mis à battre, mon pouls s’est accéléré, mon sang figé s’est mis à circuler, mon cerveau s’est mis à réfléchir et mes organes génitaux ont eu envie de ne plus être précoces. Tu as anéanti toute mes théories bien pensantes de gars au-dessus de ses affaires. L’espace confortable dans lequel je me barricadais s’est effondré devant la grande »méchante » louve soufflant sur la maison de paille dans laquelle le naïf petit cochon se mentait à l’abri. Il n’avait pas mesuré l’ampleur ni l’impact de ta puissance.
Tu m’as donné envie de reconsidérer toute ma vie. J’ai lu en toi mon avenir, notre avenir. En caressant ma coupe de vin de cristal, j’ai vu cette semaine sur deux où nos enfants se côtoieraient, s’apprivoiseraient, tisseraient des liens, se donneraient la gastro, se chicaneraient, s’aimeraient, grandiraient ensemble, dans la même vie. Je nous ai vus former une solide équipe, dans l’entraide, la générosité, à l’unisson, main dans la main, sangle sur la couche…
J’ai aussi vu cette deuxième semaine sur deux où le temps nous appartiendrait, ton temps représentant l’ultime don que tu puisses me faire. Nous vivrions ces moments privilégiés l’un pour l’autre, à se donner tout le bien que nous sommes en mesure de recevoir. Nous nous parlerions profondément, entremêlés de regards langoureux et de fougueux baisers, main dans la main, langue sur la bouche…
J’ai été un amoureux imparfait dans le passé, mais j’ai envie de t’offrir le moi 2.0. Le meilleur de ce que je n’ai jamais été, pour toi, ton enfant, les miens, pour moi. J’ai envie que toutes ces parcelles éclatées deviennent notre grand NOUS. Un »nous » inclusif (mais exclusif) qui s’aimera à sa façon, sous sa bannière de l’amour, sans nécessité d’approbation aucune. Nul besoin d’un dictionnaire pour définir ce que serait notre amour. Prends des notes Robert Larousse!
Oui, le fardeau de la destruction familiale nous accable, mais il devient ô combien plus léger quand je pense qu’avec toi, je reconstruirais une entité plus grandiose encore. Notre forteresse ne serait pas celle que nous avions imaginée initialement, chacun de nos côtés respectifs, mais elle serait bâtie de tout notre bagage. De ce fait, elle n’en serait que plus solide, que plus à notre goût, que plus mûre. Je souhaite ardemment que ton clan et le mien deviennent une seule et même tribu et, me projetant dans un état où le bonheur nous bercerait de son doux et réconfortant oscillement, j’aspire même à voir cette sur-famille prendre de l’expansion, un jour. Haaaa, comme je me félicite d’avoir mis au recyclage, il y a de cela quelques années, comme un bon citoyen, cette bienvaillante brochure qui me fut remise portant pour titre : »La vasectomie est aussi ton amie » et d’avoir laissé, romantiquement, une chance à l’amour…
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