Et si je te disais que je t’aime, mon amour

Il était une fois une princesse et un prince qui se rencontrèrent, tombèrent amoureux et décidèrent de se marier. Ils vécurent heureux JUSQU’À CE qu’ils eurent beaucoup (trop) d’enfants.

C’est pas nouveau; les couples se perdent rapidement dans la routine avec les enfants, le boulot, les courses… Et les moments pour en « profiter » en amoureux sont de moins en moins nombreux ou alors sont complètement réduits à néant par la fameuse grippe qui court, la gastro qui n’en finit plus de finir et les maudites molaires qui poussent.

Et on le remarque; on s’enlace moins, on a moins de temps pour s’aimer et quand on le prend, on a la tête ailleurs. On pense à autre chose, aux antibiotiques à donner au p’tit le lendemain matin entre 4h00 et 5h00 parce que, sinon, il risque de mourir (c’est dans ta tête, fille) en passant par l’épicerie, le maudit comptable à qui on doit trouver une facture de gaz vieille de huit ans et la « nounoune » du bureau qui veut absolument ta facturation du mois pour avant-hier soir.

Les moments devant la télé font tranquillement place aux siestes devant District 31. Les soirées cinéma sont remplacées par le 154^e visionnement de Frozen. Les soupers en famille sont métamorphosés en combats d’arts martiaux mixtes disputés entre toi pis ton dernier qui ne veut pas manger ses maudits brocolis pis qui crache son eau à tout bout de champ sur la plus vieille parce qu’elle, elle lui lance ses p’tits pois par la tête.

Les matins passent à la vitesse de l’éclair parce que tu fais ben ton possible pour nourrir les p’tits pendant que tu te brosses les dents, lisses tes cheveux, ajoutes un peu de poudre sous tes yeux pour cacher tes cernes, et ce, tout en essayant de lire les nouvelles, de boire ton café et de manger les restants de tes chérubins parce que t’sais, zéro perte hein!

Quand arrive huit heures le soir, tu n’en peux plus et pries pour ton lit. Et lorsque tu t’allonges enfin dans l’espoir de te retrouver ASAP dans les bras de Morphée, y’a soudainement tous tes maudits problèmes qui viennent te hanter et t’empêchent de sombrer dans un profond et doux sommeil avant 2h00.

Malgré ça, tu regardes ton chum le matin et, quand il sort de la salle de bain, tu te souviens du temps où il n’y avait pas encore d’enfants dans les parages en te disant bien que si ce n’était pas du temps manquant, tu lui aurais bien sauté dessus. Pendant la journée, vous vous échangez des mots doux en vous textant votre hâte d’arriver à la maison pour enfin vous retrouver dans les bras l’un de l’autre. Et dans les moments où tout est un peu plus flou et brouillé, tu trouves étrangement une petite photo de lui alors qu’il était âgé de 16 ans. Et cette photo te jette un sourire sur le visage; un sourire délicat et mielleux qui éloigne illico la brume qui t’aveuglait un peu plus tôt.

Tu réalises que ton chum et toi n’avez peut-être plus autant de temps pour vous aimer, mais que ça ne veut pas dire que tu ne l’aimes plus. En fait, ça veut surtout dire que chaque jour, tu es comblée d’avoie trouvé le partenaire de vie idéal pour partager ce beau projet avec toi. Et même si chaque journée n’est pas parfaite, tu te dis qu’au moins, l’équipe que vous faites est suffisamment incroyable pour faire en sorte que oui, vous vivrez heureux jusqu’à la fin des temps.