En hommage à Camille.
Aujourd’hui, je n’ai pas pleuré. Non pas que je n’ai pas pensé à toi, car, mon amour, tu occupes chaque instant de mes pensées, mais la douleur que je ressens s’est transformée. Hier, tu aurais eu treize mois tout juste. Treize mois au cours desquels tu t’es battu contre une maladie invisible qui s’était insinuée en toi, mon adorable petit garçon. Je me souviendrai toujours de ce matin d’octobre où la première crise est survenue.
Depuis ce jour, mon cœur de maman n’a cessé de saigner d’une certitude, celle de savoir que quelque chose de grave allait t’arriver sans que je puisse le nommer. Nous t’avons accompagné tout au long de cette bataille afin d’obtenir un diagnostic. Chaque nouvelle piqûre, chaque nouvel examen était une torture. Les diagnostics, les hypothèses, les évaluations, nous avons tout connu, tout enduré, ta petite main serrée dans la mienne. Des jours et des nuits à observer ta respiration et le rythme de ton cœur, à tenter de trouver un sens à tout cela. Mais comment expliquer ce qui ne fait aucun sens ?
Je sentais ton état se dégrader jour après jour et je hurlais mon impuissance à qui voulait bien l’entendre, mais personne ne m’écoutait. On me rétorquait des excuses, des explications, que les prématurés prennent leur temps, mais je savais bien au fond de moi que quelque chose de plus n’allait pas. Puis est arrivé ce jour où nous avons su que nous allions te perdre. Une maladie neurodégénérative, voilà ce que je ne parvenais pas à nommer. Tu es né avec. Ma culpabilité et toute cette responsabilité maternelle d’avoir fait, de ne pas avoir fait, d’avoir mal fait pendant ma grossesse ne me servaient donc plus à rien. J’ai voulu trouver un autre responsable, quelqu’un à blâmer, mais peut-on en vouloir à la fatalité ?
Nous devions maintenant t’accompagner jusqu’au bout et c’est ce que nous avons fait, de tout notre amour, de tout notre être. Mon amour, je suis passée par tant de deuils depuis ces longs mois. Après celui de ne jamais te voir faire tes premiers pas, de ne jamais t’entendre dire maman pour la première fois, de ne jamais assister à ta rentrée scolaire, de ne jamais vivre avec toi les joies de tes premières amours, il me fallait maintenant me préparer à te perdre toi.
Ce soir-là est arrivé, serré contre mon cœur, ton visage noyé de mes larmes, tu t’en es allé. Tes yeux en amande d’un marron si profond avec ses longs cils, tes si beaux yeux, se sont ouverts pour la dernière fois comme pour m’adresser un ultime au revoir. Tu t’es endormi pour toujours, mais tu es avec moi à jamais.
Aujourd’hui, je n’ai pas pleuré pour la première fois depuis des semaines. Non pas que je n’ai plus de larmes en réserve ni même que le chagrin ne m’étreint pas, mais ce matin j’ai décidé d’avancer en hommage à ta force et à ton courage. Je te promets mon amour d’essayer de sourire, peut-être de rire à nouveau, ce ne sera pas facile, ce ne sera pas pour demain, mais je te promets que mon prochain premier sourire sera pour toi et je sais au plus profond de moi que de là-haut sur ton nuage, tu me répondras.
Florence
C est tellement injuste. Ca ne devrait jamais arriver. Tu es tellement beau Camille, comme un petit ange venu sur terre. Merci de ce que tu as offert a ce monde, tu as changé la vie de tous ceux qui ont eu la chance de te connaitre. Et ce texte perpétue ta magie. Tu nous rappelles a quel point la vie est belle et précieuse. Toutes mes pensées vont vers toi et ta famille.