Maman,
Étant petite, je n’ai jamais manqué de rien. Ni de temps de qualité, ni de quoi manger, ni même d’une certaine forme d’amour. J’ai grandi avec toi comme modèle de femme, de mère, dans une relation fusionnelle que je croyais avoir la chance de posséder. Mais en devenant maman à mon tour, j’ai réalisé que je n’avais pas envie de suivre ton exemple. Et je me suis promis que je ne serai jamais une femme, ni une mère comme toi.
Du plus loin que je me souvienne, la jalousie a toujours fait partie de ta personnalité de mère. Je ne me souviens pas du jour où j’ai reçu de ta part un peu d’encouragement, où tu as pu me féliciter d’un de mes accomplissements. J’ai toujours eu cette impression que le fait de pouvoir faire mieux que toi te faisait peur. Que ma réussite n’était pas quelque chose dont tu souhaitais être témoin. Alors chaque fois que j’approchais d’un but visé, chaque fois que je tissais des liens amicaux et amoureux, ton envie de me dénigrer aux yeux des autres prenait rapidement le dessus. C’était probablement inconscient de ta part, mais notre semblant de relation fusionnelle a toujours été lourd et négatif pour moi. Et aujourd’hui comme mère, je comprends l’importance d’une relation parent-enfant. Je veux avec le mien une relation remplie de confiance, d’encouragements, d’amour. Je veux l’amener à s’entourer de beau, de personnes qui lui voudront, tout comme moi, le plus grand bien. Je veux le laisser voler de ses propres ailes. Qu’il découvre à travers mes yeux, toutes ces raisons pour lesquelles il doit croire en lui. Je ne veux pas que mon enfant fasse comme moi maman, je veux qu’il fasse beaucoup mieux.
Tu m’as toujours paru comme une femme remplie de colère, de rancune envers les autres. Je ne sais pas quelles en sont les raisons maman, mais chacune des personnes qui gravitent autour de toi ne te paraît jamais assez bien. Assez crédible. Tu te dois toujours de tout contrôler. Tes amis, ton travail, la vie des autres. Tu veux avoir raison à tout prix. Qu’on écoute tes conseils, faute de quoi, ils seront les derniers. Mais tu sais maman, on ne peut pas contrôler les gens. Alors les années ont passé et tu as fait le vide autour de toi. Loin d’un amour, de tes amis(es), de ta famille, et loin de ton propre enfant. La rancune est devenue, avec le temps, ta plus grande alliée. Et je ne veux pas être comme ça. Je veux m’enthousiasmer pour le bonheur des gens que j’aime. Je veux les trouver chanceux, les envier, mais être capable de me dire qu’un jour, ce sera mon tour. Je veux être de celles qui écoutent les opinions des autres, qui les argumentent, mais toujours dans le respect. Je veux laisser la colère loin de moi, m’entourer de sentiments agréables et positifs. Je veux savoir trouver dans chaque personne, dans chaque situation, le beau, le bon, le bien.
En fait maman, je veux être une mère fière de son enfant. Je veux l’encourager à persévérer, à toujours faire de son mieux. Je veux être une femme capable de trouver l’amour, l’amitié. Je veux savoir faire la paix avec ce qui m’entoure. Je veux être heureuse en compagnie des autres, et l’être encore plus avec moi-même. Je veux être une bonne personne, une bonne mère. Alors maman, non je ne serai jamais comme toi. Parce que mon cœur à moi sera toujours rempli de tout plein d’amour.
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