Je suis enceinte de toi. Je ne sais pas encore à qui j’ai affaire et déjà, j’aime l’idée d’être trois. L’idée que ça bouge plus dans la maison, dans ma vie. Je me suis donné une raison d’aller au zoo, aux jeux d’eau, aux arcades, partout où je pourrai à nouveau me sentir jeune et m’amuser. J’ai peur de vieillir seule. Je veux refaire la déco d’une chambre. Je souhaite relever un nouveau défi. Mais moi, je veux le faire mieux que les autres, juste pour me vautrer dans la réussite et flirter avec mon ego. Ton papa, je veux lui porter un autre regard. Le voir devenir très attentionné, protecteur, vulnérable devant l’amour de sa vie. Tu es notre projet.. Je veux le voir bomber le torse devant son fils comme le papa le plus fier du monde. J’imagine qu’il pleure de bonheur, et ça m’attendrit. Je l’aimerai encore plus, ton papa, lorsqu’il le deviendra. Je rêve qu’il me regarde, amoureux, reconnaissant, comme si je lui avais offert sa propre vie. J’espère que les marques de la maternité sur mon corps l’émouvront.
Je te tiens maintenant dans mes bras. Et tu m’emplis d’un bonheur intarissable. Je t’ai façonné et il ne me reste qu’à te peaufiner. Je t’ai créé. Tu es mon œuvre d’art. Je suis l’artiste que j’ai toujours voulu être. Tu me donnes confiance en moi. Tu me ressembles beaucoup. Je te trouve beau et je me trouve belle. Toutes ces égratignures du passé sur lesquelles tu appliques un baume. Toutes ces brèches qui se sont ouvertes au fil du temps en moi et qui m’exposent à la douleur, tu les colmates par tes sourires, tes câlins, ta chaleur… Avant de dormir, je vais te voir et je me gargarise de ta sérénité et de cette confiance aveugle que tu me voues. Inconsciemment, tu assouvis mon désir de tout contrôler. Tu es un miracle, j’ai une emprise sur la vie.
Sous toutes ces raisons pour lesquelles tu es dans ma vie, mon bébé, se cache le plus grand mensonge : en fait, tu es dans ma vie parce que je suis une pure égoïste, parce que tu me fais vivre des émotions que je n’avais jamais imaginées possibles. Je te regarde, toi, le prolongement de moi-même, et je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi beau et parfait. Je suis une narcissique assumée, comme nous toutes.
Mais je t’aime plus que je ne m’aimerai jamais.
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