Ma belle enfant, tu as quatre ans et demi. Tu adores te déguiser avec des robes de princesse et faire des casse-têtes. Tu aimes glisser et te balancer. Mais rien ne bat le sable. Ce sable où tu pourrais creuser pendant des heures, ce sable dans lequel tu aimes « faire des anges ». Quand on te voit jouer tranquillement, rien n’y paraît. Tu sembles une fillette bien ordinaire. Mais tu n’as rien d’ordinaire, tu es ma fée des fleurs.
Ton discours est légèrement décousu. Pas toujours à propos. Souvent complètement hors contexte. Ta construction des phrases laisse à désirer. Tu n’es pas la pro de la conjugaison, ni des pronoms. Pour la prononciation, disons que tu as un style bien à toi. Je les vois bien, ces enfants qui te parlent et qui n’y comprennent rien. Je les entends bien, ces adultes qui hochent la tête quand tu leur adresses la parole, tentant maladroitement de reformuler ce qu’ils croient avoir compris, sans succès. Ce n’est pas toujours facile pour toi de t’exprimer, mais ce n’est pas de ta faute si le langage des fées est si peu utilisé de nos jours.
Tu portes souvent ces grosses coquilles sur tes oreilles. Tu mâchouilles parfois ton collier spécialement conçu à cet effet. Ça te donne un drôle de look. Un drôle de look qui te permet de retrouver ton équilibre. Parce qu’il arrive que dans le bruit ou dans les foules, tu n’arrives pas à gérer tes émotions. Il arrive que ton cerveau ait besoin d’une formule magique pour continuer à fonctionner. Je suis toujours surprise quand on s’étonne de te voir ainsi, n’est-il pas naturel pour une fée de toujours traîner sa baguette avec elle ?
Tu étais toute petite quand on nous a dit qu’il y avait un « problème ». Tu étais encore un poupon quand ils t’ont fait tous ces tests. On a eu peur. Beaucoup. Le diagnostic est tombé. On a été soulagés. Un peu. On a cherché à comprendre. On n’a pas réussi. Ta maman s’est sentie coupable. D’ailleurs, je pense qu’il lui arrive encore de se sentir en partie responsable. Et c’est bien vrai, ma belle enfant, qu’elle est responsable. C’est à elle que revient tout le mérite d’avoir fabriqué une enfant aussi magique.
Tu es la spontanéité même. Tu as ce fabuleux pouvoir de t’émerveiller devant chaque petite chose du quotidien. Un rien te fait plaisir. Il suffit de t’offrir un bon chocolat chaud pour qu’un sourire gros comme le ciel se dessine sur ton visage et que tes grands yeux de princesse s’illuminent. Ta naïveté fait ton charme. Tes émotions sont vraies et vives. Tu es sans filtre. Tu as cette sensibilité brute qui te rend si spéciale. Tu sais parler aux bébés. Je suis certaine qu’ils sont capables de voir au plus profond de toi à quel point ton âme est pure.
Je comprends maintenant pourquoi on t’a attendue si longtemps; c’est que tu venais tout droit d’une autre planète. Une planète bien spéciale où les petites filles sont uniques. Où elles sont tellement pleines d’empathie et de douceur, qu’il reste un peu moins de place pour le reste. Ma belle enfant, tu n’as rien d’ordinaire. Tu es extraordinaire. Et sache, toi qui te plais tant dans les champs, que ce sera toujours un honneur pour moi de recevoir un magnifique bouquet cueilli spécialement par ma fée des fleurs.
Vraiment.beau ton texte Maryka! Je l’adore cette fée des fleurs! ??
Melanie ?